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Authentique

Dans cette vidéo qui dure moins de huit minutes, il est frappant de voir la double inversion des rôles qui se joue entre Herbie Hancock et son jeune fan : dans un premier temps le musicien prend les choses de haut mais l’ado ne se démonte pas, il persiste. C’est pour lui une occasion unique et, après tout, il a tout à gagner.

Partage entre Herbie Hancock et un fan

Un peu excédé Herbie Hancock invite le garçon à se mettre au piano, ce qu’il fait. Et c’est là que les choses changent : Hancock, qui, lui, n’a plus rien à prouver, se prend au jeu. Il se met lui aussi au clavier. Surprise de l’assistance. Et surprise redoublée quand on s’aperçoit qu’en fait il laisse le lead à son invité du jour… qui le prend !

Évidemment, le garçon est un peu dépassé par les événements. On l’aurait été pour moins que ça… et Herbie Hancock de reprendre discrètement la main. D’oublier le rôle qu’il jouait quelques minutes auparavant pour, finalement, être lui-même : un musicien passionné.

Dans un monde qui vit au rythme des fake news et des coups de com’, cette anecdote constitue un véritable plaidoyer pour l’authenticité. Parce qu’ils sont authentiques, les deux protagonistes vivent pleinement l’instant présent et le rendent unique. Être authentique ce n’est tant exister pour soi-même qu’exister par soi-même. Ne pas tricher et ne pas se mentir. C’est une vraie discipline de vie et c’est parfois difficile mais à long terme c’est une démarche salvatrice.

Un mal pour un bien… à l’image du confinement, qui sait ?

À demain, 21heures

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Geekeries Réflexion(s)

Le temps

Le temps est ce dont on dispose le plus puisque le temps est. Et c’est aussi ce dont on dispose le moins, puisque le temps passe. Dans la vie, donc rien n’est une question de temps et tout est une question de priorités.

Prendre le temps c’est donner la priorité au moment présent, parce que ce qu’on fait ici et maintenant est forcément plus important que tout ce qu’on pourrait faire d’autre. Occuper le temps est une affaire de choix. Parce que le temps est ce qu’on en fait, le temps nous met en face de nos responsabilités ; envers nous mêmes et aussi envers la société.

Le temps est devenu tellement important qu’il s’affiche partout : sur les téléphones, les ordinateurs, les fours, dans les stations de métro et les voitures… sur les tickets de caisse et même parfois sur les montres et les horloges. Nous naviguons d’une horloge à l’autre. Une véritable obsession collective.

Chronomètre de marine

En réalité, pour parcourir la terre en tous sens, deux instruments sont nécessaires : le sextant qui permet de s’orienter du nord au sud et le temps qui permet de naviguer d’est en ouest. À partir de la fin du XVème siècle, les premiers navigateurs ont pu partir à la découverte de la terre en s’appuyant sur l’astronomie et l’horlogerie.

Et d’ailleurs, c’est parce qu’il faisait son tour du monde contre le cours du temps que Philéas Fogg finit par gagner son pari.

Encore aujourd’hui pas de GPS précis sans horloge précise ni de navigation sur les site web sécurisés sans synchronisation entre serveurs informatiques.

Le temps est un phénomène de perspectives

Jean Cocteau

On comprend mieux que face à la déferlante d’horloges qui nous entoure, les outils les plus précieux aujourd’hui sont ceux qui permettent de s’organiser pour optimiser le présent.

Un minuteur Pomodoro

La méthode Pomodoro est aussi simple et ludique qu’efficace. Cette méthode consiste à diviser le temps en unités de concentration. C’est idéal pour le bachotage et les travaux qui demandent de la concentration. La méthode Pomodoro permet d’alléger (un peu) le travail sous contrainte.

Getting Things Done

Quant à la méthode GTD (Getting Things Done), elle est plus conceptuelle et plus algorithmique. Parue en 2001 cette méthode transforme tout en projets et si elle est assez exigeante, elle se révèle d’une grande efficacité.

Ces deux méthodes sont ludiques et efficaces. À tester d’urgence en confinement, donc !

À demain, 21 heures.

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Culture Réflexion(s)

Cuisiner

Faire la cuisine est une activité tellement ancienne qu’on peut aller jusqu’à dire qu’elle est consubstantielle de la nature humaine. Et même mieux, faire la cuisine fait partie de ces quelques activités spécifiques à l’être humain.

Dans toutes ses dimensions, la cuisine n’est qu’expérience. Quel est le goûts des endives ? On aura beau essayer de le décrire, quelle que soit la langue employée et aussi riche soit le vocabulaire, la seule manière de le savoir est encore d’en manger une salade.

On cuisine…

En cuisine tout est affaire de goût et même si le goût s’éduque et change avec l’âge, il est quasiment illusoire de chercher à en fixer les canons. À force d’être réiniventées, à force d’être revisitées, dans les plus humbles des foyers comme dans les plus grands des restaurants, les recettes changent et les goûts évoluent. En cuisine, moins qu’ailleurs, toutes les vérités sont relatives : aux gens qui la font, aux gens qui la mangent, aux régions où elle se pratique.

Rire est le plus court chemin d’un homme à un autre

Georges Wolinski

Tout comme le rire, la cuisine constitue un de ces fameux chemins de traverse entre les êtres humains car elle permet d’aller au delà des mots. Pour signifier qu’un plat est bon, pas besoin de vocabulaire, des mimiques suffisent. Et d’ailleurs, quoi de plus immédiat que la cuisine pour découvrir une culture ?

Qui veut des ravioli ?

Mais surtout, la cuisine est faite pour être partagée. Peu importe ce qu’on cuisine, peu importe, même, le goût des plats, cuisiner est avant tout le prétexte à réunion et à partage. Les doctes et les savants appellent cela la commensalité. Au diable la science ! Même autour d’une boite de ravioli on peut passer des soirées fantastiques et construire des souvenirs pour la vie.

Les grecs anciens avaient trois mots pour décrire l’amour. Agapé désigne l’amour inconditionnel et s’est transformé en agapes, un repas où l’on partage le pain.

Cuisiner est un acte d’amour qu’on fait deux fois par jour, tous les jours.

À demain, 21 heures

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Culture

Bic

Qui ne connait pas le stylo Bic ? Qu’il soit Cristal ou Orange, le Bic est devenu l’icône même du stylo. Tout ou presque a été dit sur ce produit, sur l’idée géniale qui a consisté à le concevoir pour être jeté et sur le lobby — non moins génial — fait par la marque auprès des instituteurs pour en assurer durablement la promotion et le succès.

Concevoir l’innovation industrielle (CNRS Éditions, 2001)

Une innovation est une bonne idée, industrialisée, qui trouve un marché. Telle est la définition que propose Jacques Perrin (in Concevoir l’innovation industrielle, CNRS Éditions, 2001) et qui offre l’avantage de ne pas oublier que l’empilement de technologie ne suffit pas à faire un bon produit. Le stylo Bic offre à cette définition un exemple très parlant.

Les stylos Bic ne sont pas chers et pour autant ce sont des produits de qualité. Il suffit pour s’en convaincre d’utiliser des imitations encore moins chères. Les stylos Bic ne sont pas des produits low cost. C’est certainement une des raisons de leur succès.

Qu’il s’agisse de la démarche industrielle ou de l’approche commerciale, il y a dans le stylo Bic des leçons à prendre pour tous les entrepreneurs en mal d’innovation.

Marcel Bich

Mais le plus étonnant dans le stylo Bic reste encore Marcel Bich, le créateur de la marque. Industriel génial et commercial hors pair mais au parcours atypique, Marcel Bich n’a pas inventé le stylo qui a fait son succès. Il fait partie de ces héros invisibles qui resteront à jamais dans l’ombre de leur produit.

Alors que ses stylos ont marqué des générations, qu’il doit être frustrant de ne pas laisser de trace dans l’histoire. Et Dieu sait si Marcel Bich a essayé, allant jusqu’à financer — sans succès là non plus — de coûteuses campagnes à la conquête de l’America’s Cup, étant le premier français à y participer.

Qu’il s’agisse du stylo ou de l’industriel, il y a dans l’aventure Bic des leçons d’humilité. Faire des grandes choses et passer derrière ses réalisations, chercher en soi-même comment rectifier pour, finalement, arriver à trouver la résilience. Des leçons à méditer en confinement.

À demain, 21heures

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Culture Geekeries

Mare liberum

Au début du 17ème siècle alors que les explorateurs portugais, anglais et néerlandais se lançaient à la découverte du monde, une question faisait l’actualité : la haute mer est-elle libre ? La haute mer se situe au delà de la bande côtière, c’est la partie de la mer qui n’appartient à personne. Autrement dit, est-il possible de naviguer librement partout et sur toutes les mers ?

C’est pas sorcier consacré à l’activité maritime

Les anglais défendaient l’idée que les routes maritimes appartiennent à ceux qui les découvrent et qu’il est possible de faire payer des droits de passage à ceux qui les empruntent. En cela ils proposaient d’appliquer à la mer le bon vieux principe de l’octroi.

Grotius

Avec le livre De mare liberum (De la liberté des mers, 1609), le juriste Grotius démontrait tout l’intérêt du contraire. C’est ce principe qui a prévalu et qui, d’ailleurs, prévaut encore aujourd’hui. L’histoire a retenu que c’est ce qui a permis le développement des échanges commerciaux internationaux.

Au delà d’une discussion sur le rapport entre liberté et commerce, l’intérêt de la réflexion de Grotius est de proposer un droit nouveau et spécifique à un domaine d’activité lui-même nouveau et spécifique, favorisant ainsi l’émergence de ce qu’on appellerait aujourd’hui un écosystème.

Passer du contrôle de la rareté à l’organisation de l’abondance

Aujourd’hui il ne s’agit plus de transporter des marchandises sur les mers mais de diffuser des contenus sur les réseaux. Depuis des années les professionnels de l’industrie culturelle et des médias tentent de transposer les règles de l’ancienne économie à la nouvelle. Or, sur les réseaux, à l’heure où copier un fichier est simple comme un clic, il ne s’agir plus de contrôler la diffusion de biens ou de contenus, mais, au contraire, d’organiser leur abondance.

C’est ce qu’on compris les géants du web et c’est précisément ce qui fait leur force. Google — par exemple — en indexant le maximum de contenus, ne fait que renforcer l’intérêt de son moteur de recherche.

Les géants du web ne sont pas là pour contrôler ce que nous faisons mais pour nous permettre d’en faire toujours plus.

À demain, 21 heures

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(re)Lire la presse

À L’heure des réseaux sociaux et des médias en continu, lire la presse peut sembler anachronique. Imprimés en grand format sur du papier qui salit les mains, les journaux ne sont que quotidiens et donc forcément jamais à la page. Mais quand on les compare aux deux cents caractères des tweets ou aux légendes des photos sur Snapchat, les journaux permettent de prendre de la hauteur et de creuser les sujets.

D’ailleurs il s’agit d’une évolution intéressante, quand on sait qu’il y a moins de trente ans la presse quotidienne était vue comme un support assez superficiel, ne permettant que de rendre compte que des événements, l’analyse en profondeur étant le domaine réservé du livre. C’était quand pour un journal, le destin final consistait à emballer du poisson.

En devenant électronique et donc continue, la communication ne nous a pas libérés que de la contrainte du temps, elle nous a également libérés de la contrainte d’espace. Sur un blog ou sur un site web, on peut écrire en faisant abstraction de la notion de page et même de volume. La page web nous fait revenir au temps du rouleau de parchemin ou de papier, comme celui qu’utilisa Jack Kerouac pour écrire son fameux Sur la route (1957). La page web permet de se répandre et de déborder à l’envi.

Manuscrit de Sur la route de Jack Kerouac

Parce que dans un journal la place est comptée, il faut choisir. C’est le métier du rédacteur en chef qui doit en permanence peser le pour et le contre pour définir la ligne éditoriale de son journal. C’est aussi le métier du journaliste qui doit respecter la contrainte de volume s’il veut voir son papier publié. À l’heure de la surabondance d’informations, il s’agit de vraies prouesses.

Choisissez un journal et n’en lisez qu’un mais lisez-le en entier tous les jours

Raymond Aron

Techniquement, il est possible de s’informer soi-même en temps réel mais comme personne n’y arrive réellement, on s’en remet en réalité aux algorithmes affinitaires des réseaux sociaux dont la finalité est publicitaire, ce qui biaise forcément les choses.

C’est ici que le conseil que Raymond Aron donnait à ses étudiants prend tout son sens. Lire la presse ne permet pas seulement de s’informer de manière pratique (avec l’habitude, lire un journal peut se faire assez rapidement, surtout en PDF), c’est aussi — et surtout — une façon de se laisser surprendre par les choix de la rédaction. Une façon de se poser des questions.

En un mot une façon de réfléchir. Et donc une façon de s’occuper utilement en confinement.

À demain, 21 heures

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Culture

Mc Donald’s

Il est de bon ton, en France, de dénigrer McDonald’s au nom de la malbouffe ou de l’esprit revanchard, de la mondialisation, du grand capital ou que sais-je encore. Et pourtant, qu’on ait raison ou qu’on ait tord, cette entreprise mérite qu’on s’y arrête car elle est de celles qui modèlent notre époque, comme un sculpteur modèle de la terre glaise.

Tout comme aller au cinéma a marqué la génération du baby boom, aller au McDo est une expérience qui a forgé la culture d’une génération. Ce type d’expérience transcende les classes sociales ou les localisations géographiques. Cela créée ce que les philosophes appellent des archétypes, sortes de référents culturels qui permettent à ceux qui savent de se comprendre au delà des mots.

Les archétypes ont cela d’intéressant qu’ils sont inexplicables. Aller au McDo : ou bien cela vous parle et il n’est pas nécessaire de vous l’expliquer puisque vous savez ; ou bien cela ne vous parle pas et il est inutile de tenter la moindre explication, vous ne pouvez pas comprendre. Pas facile dans ces conditions d’établir le dialogue entre générations… thème dont Maxime Le Forestier a fait une très jolie chanson.

Maxime Le Forestier, Dialogue, en concert à Bobino, 1982
Le McBaguette

À moins naturellement, qu’on arrive à trouver un métissage, c’est-à-dire un compromis. En matière de gastronomie, comme ailleurs, on ne coupe pas la poire en deux, on invente une solution médiane : les chefs étoilés cuisinent de snobs burgers à la française et McDonald’s inonde le marché de McBaguette. La vérité — si tant est qu’il y en ait une — n’est ni dans l’un ni dans l’autre mais dans la démarche qui a permis aux deux de voir le jour.

Le métissage est l’avenir des générations qui, l’une après l’autre, inventeront ainsi leur culture propre. Ce ne sera ni mieux ni moins bien, mais juste le reflet du temps présent à ce moment là.

À demain, 21heures.

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Hérétique

L’Hérétique est le bateau qu’Alain Bombard a utilisé en 1952 pour traverser l’Atlantique, ce qui, à l’époque, a constitué une véritable provocation. Le nom de son bateau symbolisait à lui seul tout le projet de Bombard : ramer à contre-courant — littéralement — pour faire surgir sa vérité à la face du monde.

Naufragé volontaire, 1953

En démontrant qu’on pouvait survivre à un naufrage, Alain Bombard a révolutionné le sauvetage en mer et a contribué au développement des loisirs nautiques. Alain Bombard a raconté cette aventure dans un livre paru en 1953, Naufragé volontaire.

Or, ce qui est hérétique dans cette aventure, ce n’est pas tant l’exploit que la méthode. La vérité, en effet, est le fruit d’un consensus. Ce qui est vrai est reconnu comme tel par le plus grand nombre. Ou, pour le dire de manière plus algorithmique, quelque chose est vrai tant que la majorité s’accorde sur ce point. Avec une telle définition, ce qui est vrai ici et maintenant (hic et nunc, comme disent les latinistes) peut naturellement changer. Et si Alain Bombard a tant marqué les esprits c’est parce, justement, il a réussi seul contre l’avis de tous.

La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes

Winston Churchill

C’est aussi parce qu’elle manifeste un consensus que la démocratie peut être vue comme une vérité et d’une certaine manière, la démocratie peut également être vue comme un optimum à un moment donné. Il ne s’agit pas, cependant, de savoir si ce système politique est bon ou pas, comme le dit Churchill mais de se dire que le vote entérine un consensus. L’élu désigné par un vote n’est ni le meilleur ni le pire, c’est juste celui qui a su cristalliser un consensus à un moment donné.

Le consensus n’est pas — et de loin — la méthode de gouvernance la plus efficace. Il y a dans le consensus un petit côté esthétique. Le consensus est une solution satisfaisante pour l’esprit.

De la même façon, les hérétiques sont des esthètes de la démonstration. Ils n’y arrivent pas souvent, mais quand ils y arrivent ça a de la gueule et c’est ce qui les rend fascinants.

À demain, 21 heures

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Nouveau

Parmi les arguments publicitaires, nouveau est certainement le plus le plus utilisé. Nouveau est une sorte de panacée universelle de la communication. Plus largement, quand une marque n’a rien à dire, elle peut toujours en appeler à la nouveauté. L’attrait et le pouvoir de la nouveauté sur les consommateurs est proprement fascinant. Dans les années 1970, Coluche en avait fait un sketch d’une incroyable drôlerie.

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Dans le même ordre d’idée, quand on demandait à Enzo Ferrari quelle était sa meilleure voiture, il répondait du tac au tac : la prochaine. Nouveau est un des moteurs de la société de consommation.

La nouveauté questionne notre rapport au progrès, naturellement. Mais surtout, la nouveauté interroge notre confiance. Confiance dans le monde qui nous entoure et, bien entendu, confiance en nous-mêmes. Pour se lancer dans quelque chose de nouveau, il ne faut pas trop se poser de questions et il faut accepter de partir — au moins un peu — à l’aventure ; il faut être suffisamment sûr de son coup.

Un taxi pour Toubrouk (1961), film de Denys de la Patellière
Michel Serres, philosophe Montreuil, 2014 Crédit photo : Bruno LEVY/CHALLENGES-REA

Est-ce que ce sera mieux pour autant ? Cette question amène une réflexion sur l’optimisme, qui va de pair avec la confiance et qui en quelque sorte, créée un cercle vertueux. C’est d’ailleurs ce que démontre le philosophe Michel Serres dans un petit livre qui est aussi profond qu’agréable à lire : C’était mieux avant (Le Pommier, 2017). En proposant une suite à Petite poucette (Le Pommier, 2012), Michel Serres construit une véritable éthique de l’optimisme.

Quand on manque de confiance ou qu’on se pose des questions, on fini par en appeler à la nostalgie. La nostalgie est comme ce vieux pull usé qu’on garde au fond d’un placard. Il nous rappelle des bons souvenirs. Pourtant quand on l’enfile on ose pas sortir en se disant ce n’est quand même pas possible.

Alors que la période de confinement nous pousse à l’introspection et à la réflexion, il faut rester optimistes. Aujourd’hui est mieux qu’hier et demain sera mieux qu’aujourd’hui.

À demain, 21 heures

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Numérique

Après avoir parlé d’informatique, puis de digital, le terme consacré aujourd’hui est numérique. Toute la question est de savoir qu’il désigne ! Le numérique, comme ses prédécesseurs, est un concept assez vague, en réalité, qui va des services en ligne aux voitures intelligentes, et de la téléphonie mobile à la maison connectée (ne surtout plus dire domotique !), sans parler de l’intelligence artificielle ou du mouvement des makers.

Maurits Cornelis Escher, Montée et descente (1960)

Parce que son histoire est assez récente (les premiers ordinateurs dignes de ce nom ont moins de soixante-dix ans) et parce que sa progression a été fulgurante, le numérique donne l’impression d’être une sorte de génération spontanée perpétuelle : il se passe toujours quelque chose de nouveau et ce qui était à la mode hier est totalement dépassé aujourd’hui.

Le numérique a son propre vocabulaire, ses pratiques propres, ses méthodes propres. Le numérique a créé une véritable culture avec ses référents, ses blagues, son histoire. Et parce que le numérique s’est immiscé partout où il pouvait, il a aujourd’hui envahit nos vies. Sans surprise, le numérique a construit un écosystème avec ses héros et ses anti-héros, ses géants et ses stars déchues.

Boite de Télécran

Ce qui frappe avec le numérique c’est qu’il est finalement assez peu conceptuel. Le numérique ne demande pas une grande capacité d’abstraction : le numérique est une invitation à l’apprentissage en mode essais-erreurs. Manipuler du logiciel, c’est un peu comme jouer avec le Télécran de notre enfance. Si on est pas satisfait, on efface et on recommence. Pour les français que nous sommes, habitués à l’abstraction, il n’est pas toujours facile d’y comprendre quelque chose.

Breaking Smart

En 2016, Venkatesh Rao, a publié sous le titre Breaking smart, une série de dix-sept articles consacrés au numérique. Avec une approche très littéraire et très conceptuelle, Breaking smart offre — enfin — une explication à la fois poétique et rationnelle du numérique. Et la bonne nouvelle c’est que ce texte clairvoyant est traduit en français.

Prendre de la hauteur, réfléchir, envisager, imaginer et comprendre. Exactement de quoi s’occuper utilement en confinement.

À demain, 21 heures