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L’énergie des années folles

Les années folles… tout un programme ! Une époque qui se relevait de la Première Guerre mondiale et qui ne se souciait de rien d’autre que de vivre pleinement, de vivre intensément, de vivre follement et peut-être surtout de vivre, tout simplement.

Une époque qui découvrait le potentiel et les espoirs de technologies alors nouvelles et qui, de l’automobile à la photographie, inventaient le vingtième siècle. Une époque où les rapports entre les femmes et les hommes étaient rugueux. Tout cela se passait à Montparnasse, à Paris et dans le reste du monde. La culture faisait coexister misère et cupidité, artistes forcément bohèmes, bourgeois désargentés et de demi mondaines intéressées.


Pour évoquer ce monde différent et disparu mais passionnant, Muriel Marschal convoque Kiki de Montparnasse, une reine de la nuit déchue et oubliée mais qui pourtant personnifie l’état d’esprit qui présidait alors. Pendant une heure, on virevolte entre musique et joie de vivre, amours et alcools, déguisements, bals costumés et coco plein les narines (déjà !). Sur scène, Muriel Marschal met en scène une vision délibérément positive des choses et des êtres. Des récits, des dialogues, de la musique, des chansons, des textes. C’est le temps des garçonnes, à la féminité débordante, presque exubérante et qui en réalité, préfigure le féminisme qui apparaîtra une trentaine d’années plus tard.


Le résultat propose une approche à mi-chemin entre one woman show et théâtre. On pourrait presque parler de comédie musicale, chorégraphie en moins. Muriel Marschal et Amandine de Doncker (qui, pour l’occasion, transcende le rôle d’accompagnatrice et ose quitter son clavier pour venir en pleine lumière) nous transmettent leur énergie et leur envie de plaisir, leur joie de vivre communicative. Les deux complices virevoltent, s’amusent, rient et jouent. C’est un plaisir de les voir et c’est un bonheur de profiter de l’énergie qu’elles nous transmettent.


Alors que nous que les heures que nous traversons sont encore sombres, que ce moment fait du bien ! Du bien à l’âme, naturellement, mais aussi du bien au corps car rire et ressentir nous permet de ressortir du théâtre détendus et plein d’énergie, prêt à croquer la vie à pleines dents, comme Kiki en quelque sorte.

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Hérétique

L’Hérétique est le bateau qu’Alain Bombard a utilisé en 1952 pour traverser l’Atlantique, ce qui, à l’époque, a constitué une véritable provocation. Le nom de son bateau symbolisait à lui seul tout le projet de Bombard : ramer à contre-courant — littéralement — pour faire surgir sa vérité à la face du monde.

Naufragé volontaire, 1953

En démontrant qu’on pouvait survivre à un naufrage, Alain Bombard a révolutionné le sauvetage en mer et a contribué au développement des loisirs nautiques. Alain Bombard a raconté cette aventure dans un livre paru en 1953, Naufragé volontaire.

Or, ce qui est hérétique dans cette aventure, ce n’est pas tant l’exploit que la méthode. La vérité, en effet, est le fruit d’un consensus. Ce qui est vrai est reconnu comme tel par le plus grand nombre. Ou, pour le dire de manière plus algorithmique, quelque chose est vrai tant que la majorité s’accorde sur ce point. Avec une telle définition, ce qui est vrai ici et maintenant (hic et nunc, comme disent les latinistes) peut naturellement changer. Et si Alain Bombard a tant marqué les esprits c’est parce, justement, il a réussi seul contre l’avis de tous.

La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes

Winston Churchill

C’est aussi parce qu’elle manifeste un consensus que la démocratie peut être vue comme une vérité et d’une certaine manière, la démocratie peut également être vue comme un optimum à un moment donné. Il ne s’agit pas, cependant, de savoir si ce système politique est bon ou pas, comme le dit Churchill mais de se dire que le vote entérine un consensus. L’élu désigné par un vote n’est ni le meilleur ni le pire, c’est juste celui qui a su cristalliser un consensus à un moment donné.

Le consensus n’est pas — et de loin — la méthode de gouvernance la plus efficace. Il y a dans le consensus un petit côté esthétique. Le consensus est une solution satisfaisante pour l’esprit.

De la même façon, les hérétiques sont des esthètes de la démonstration. Ils n’y arrivent pas souvent, mais quand ils y arrivent ça a de la gueule et c’est ce qui les rend fascinants.

À demain, 21 heures