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Chanel

La maison Chanel fait partie de ce qu’on appelle fièrement les fleurons de l’industrie française. En dépit — ou à cause — de son histoire tumultueuse, du caractère ombrageux de sa créatrice et de la personnalité de feu son emblématique directeur artistique, Chanel est sur le devant de la scène économique de notre pays. Chanel est une multinationale florissante et plus que centenaire, pour qui réussite industrielle et commerciale vont de pair avec opacité financière et opinions parfois sulfureuses.

Le logo de la maison Chanel, inchangé depuis sa création
Un portrait de Coco Chanel

Quoi qu’il en soit, sa créatrice reste fascinante. Autodidacte, Mademoiselle, a passé sa vie à innover et à chercher des solutions pour faciliter le quotidien. Les coupes, les matières et même les couleurs des vêtements créés Coco Chanel ont — modestement — participé à l’histoire du XXème siècle et — moins modestement — contribué à l’émancipation des femmes.

Pour le dire avec les mots d’aujourd’hui, Coco Chanel a su développer un écosystème autour ses créations : vêtements (haute couture et prêt à porter), sacs, accessoires, parfums… la marque décline une vision du monde et de la société qui s’incarnent dans ses produits, en quelque sorte.

Pour parler d’innovation, on est tenté de citer Steve Jobs ou Bill Gates, et quelques autres légendes de la Silicon Valley. Quand on y pense, pourtant, Coco Chanel est de cette race d’hommes — et de femmes — qui relèvent des défis incroyables pour laisser une trace dans l’univers. Sans en avoir l’air, Chanel est une entreprise qui a tout d’un Gafa et Coco est de la race des géants de l’innovation.

Je ne suis pas la mode, je la fais

Coco Chanel
Coco Chanel au travail, en tailleur

Coco Chanel était tellement sûre d’elle-même qu’elle ne doute pas quand elle présente, à la stupéfaction générale, son fameux tailleur. Nous sommes en 1954. Mademoiselle a 71 ans et ne doute pas qu’elle s’imposera alors qu’elle va à contre-courant de la mode, de l’opinion générale et de l’air du temps. Une fois encore elle fait la mode.

Alors, bien entendu aujourd’hui, tout comme la petite robe noire, le tailleur est un vêtement franchement désuet. Il n’est plus tout à fait adapté à la vie des années 2020 et pourtant ce vêtement peut garder une place dans une garde robe. Le tailleur n’est plus une tenue du quotidien ni le manifeste d’un style de vie (quoique) mais il reste quand même d’actualité pour certaines occasions.

Quand le confinement prendra fin, on pourra aller visiter l’exposition Gabrielle Chanel, manifeste de mode au musée Galliera… l’expo dure jusqu’en mars 2021. En théorie du moins. Croisons les doigts.

À demain, 21 heures

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Réflexion(s)

Saison 2

Pour suivre l’actualité, 21 heure devient une chronique de confinement. Vous avez aimé la saison 1 ? Vive la saison 2, en quelque sorte.

Sisyphe poussant son rocher

Vivre au gré des saisons est-il un éternel recommencement ? Sommes-nous toutes et tous des Pénélope ou des Sisyphe ? Les cycles de la vie nous mènent-ils sur des chemins absurdes, comme l’a démontré Albert Camus ? (in Le mythe de Sisyphe) ? Rien de moins sûr car au delà des cycles, la progression du monde se fait aussi par oscillations. En effet, la notion de boucle, inhérente aux cycles est absente du concept d’oscillation.

La saison 2 n’est pas seulement la suite ou le prolongement de la saison 1, elle peut en être également l’explication. Bien souvent, la connaissance de la saison 2 permet de comprendre la saison 1. « Bon Dieu, mais c’est bien sûr ! » disait le commissaire Bourrel.

Le Commissaire Bourrel, dans Les cinq dernières minutes

En réalité, progresser c’est osciller entre curiosité et réflexion : on se pose une question puis on cherche une réponse qui bien souvent entraîne une nouvelle question… C’est le fameux si, alors, si de la recherche scientifique qui progresse pas à pas et d’une oscillation à une autre. Pour le dire autrement, la recherche scientifique consiste à poncer un sujet (comme disent les ado).

Un expert est quelqu’un qui a fait toutes les erreurs qui peuvent être faites dans un domaine restreint

Niels Boh

Dans une certaine mesure, progresser en mode essai-erreur c’est aussi avancer par oscillations. Quand on hésite, on fait du sur-place, en revanche, quand, ayant clos un sujet, on l’ouvre à nouveau pour entamer une saison 2, on avance. Remettre son ouvrage sur le métier n’est pas forcément hésiter, c’est avancer.

Alors que nous entamons la saison 2 du confinement, profitons-en pour entamer une saison 2 de nos introspections.

À demain, 21 heures.

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Réflexion(s)

Frontières

Les frontières sont des points de rencontre tout autant que des lignes de séparation. Les frontières permettent la rencontre entre la géographie et le droit, et elles manifestent la séparation entre les territoires et les peuples. Les frontières sont le prétexte à des échanges commerciaux tout autant qu’à des conflits d’intérêts. Les frontières témoignent de l’histoire des peuples. Encore aujourd’hui certaines frontières sont des plaies à peine cicatrisées, comme c’est le cas en Irlande.

Au cours du second XXeme siècle (pour reprendre l’expression du pr. J. Mathiex) rien n’illustrait mieux cette réalité que Checkpoint Charlie, situé sur le mur de Berlin, qui a longtemps incarné la notion même de frontière. En 1986, Bernard Lavilliers a consacré une très belle chanson à la frontière, qui illustre bien les enjeux quotidiens des frontières pour de nombreux peuples.

Bernard Lavilliers, La frontière (in Voleur de feu, 1986)

Souvent minces, les frontières sont pourtant réelles et assez omniprésentes. Classer et organiser consiste bien souvent à établir des frontières. En médecine, en biologie, en astronomie, en chime et dans bien d’autres domaines, les scientifiques classent et ordonnent pour chercher à comprendre, quitte parfois à créer de nouvelles catégories ou à faire passer telle ou telle réalité d’une catégorie à une autre. En faisant avancer la connaissance repousse les frontières du savoir.

Dans l’industrie également, les frontières sont nombreuses. On les retrouve notamment dans les démarches de normalisation mais aussi dans la Nomenclature d’activités françaises (le fameux code Naf des entreprises) qui structure une partie de la vie économique de notre pays.

Mais la frontière la plus intéressante est certainement celle qui permet à la démocratie de s’exprimer. Une majorité issue d’un vote permet d’affirmer que ce qui rassemble est plus fort que ce qui sépare. Parce qu’elle n’est pas la loi du plus fort mais celle du plus grand nombre, la démocratie peut être considérée comme une recherche de consensus et donc d’adhésion. La démocratie est une frontière de la civilisation.

Au quotidien, nous vivons tous sur des frontières, qui sont autant de cordes raides. Chacune et chacun de nous vit en réalité en équilibre. Voilà de quoi méditer quand le couvre feu matérialise la frontière entre vie publique et vie privée.

À demain, 21 heures

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Culture

Voler

Depuis la nuit des temps, voler est une sorte de fantasme de l’humanité. Allez savoir pourquoi, les êtres humains cherchent à quitter le plancher des vaches. Peut-être parce que voler permet de rêver de liberté et de simplicité. D’ailleurs, Michel Fugain en a même fait une belle chanson, aussi simple que poétique.

Michel Fugain et le Big Bazar, Fais comme l’oiseau (1972). Admirez le kitch des tenues et de la chorégraphie !
Une vie de l’avion de L. de Vinci

D’un point de vue technique, alors que la navigation sur les eaux est une des plus anciennes conquêtes du génie humain, et si on fait abstraction des rêves de Léonard de Vinci ou des tentatives de frères Mongolfier, il faudra attendre la fin du XIXème siècle pour que l’aviation commence à voir le jour. Et ce qui frappe avant tout, c’est le rythme des progrès de l’aviation. En moins de cinquante ans, on est passé du bricolage en toile et bois des frères Wright (1902) à des aéronefs construits à la chaine et exploités par des compagnies aériennes parfaitement opérationnelles.

Étudier l’histoire de l’aviation, c’est voir des pionniers faire reculer les limites de la technique, bien entendu, mais c’est aussi voir des femmes et des hommes se lancer dans des aventures incroyables : traverser les océans, franchir les montagnes et relier les continents. Aujourd’hui tout baigne dans l’huile et le transport aérien est un de ces fameux maillons invisibles de la chaine logistique. À tel point qu’on s’énerve quand une commande Amazon a une journée de retard !

Or, pour repousser les limites, il faut avoir confiance dans l’avenir. Les exploits d’hommes comme Charles Lindbergh ou Chuck Yaeger sont fascinants. Voilà des garçons (25 et 24 ans, respectivement, au moment de leurs exploits) qui savaient parfaitement que leurs prédécesseurs étaient morts en tentant l’exploit qu’ils tentaient à leur tour. Et pourtant, ils osent, ils se lancent dans l’inconnu avec des machines qui sont de véritable bombes volantes surchargées d’essence.

À l’image de ces anecdotes, l’histoire de l’aviation témoigne d’une certaine idée du progrès de l’humanité et de sa place dans le monde. Que l’homme constitue le centre d’un monde tout entier à sa disposition était une évidence alors largement partagée. Les choses ont bien changé aujourd’hui.

Daniel Costelle a consacré une très belle série à l’histoire de l’aviation. Elle est passionnante. Voilà de quoi passer utilement le temps en couvre feu.

Premier épisode de L’histoire de l’aviation (1977) de Daniel Costelle. Les six autres sont sur la chaine de cette vidéo.

À demain, 21 heures.

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Geekeries

Découvrir Linux

Dans le monde du numérique, Linux a une place à part. Bien que rarement directement visible, ce système d’exploitation est partout mais assez rarement dans les ordinateurs qu’on utilise au quotidien. Linux est dans les téléphones et les box internet, dans les voitures, dans les téléviseurs, dans les consoles de jeu et les avions…

Si on veut y consacrer un peu de temps, Linux permet de découvrir une autre facette du numérique, plus technique dans son abord et qui propose des outils pratiques au quotidien. Avec un Raspberry Pi, on pourra se mettre à Linux comme un hobby et se lancer dans des expérimentations de toutes sortes. Mais surtout, se mettre à Linux permet de comprendre les logiques sous-jacentes qu’on retrouve dans les outils informatiques qu’on utilise au quotidien au bureau ou à la maison.


Tux, la mascotte de Linux

Quand on se met à Linux, l’enjeu n’est pas tellement de maitriser toutes les arcanes du système (la route est longue et semée d’embûches) ; l’enjeu est d’apprendre par le geste pour se laisser guider par sa curiosité. Se mettre à Linux est une école de patience et de minutie. C’est aussi partir à a découverte d’un monde fascinant de puissance. Apprendre par le geste n’est pas nouveau. Cela constituait déjà le fondement de la pédagogie Freinet, faite de liberté et d’autonomie. Une démarche formalisée par Seymour Papert, dans un ouvrage qui a fait référence : Jaillissement de l’esprit. Bref, se mettre à Linux c’est démontrer que la curiosité est une belle qualité.

Mais se mettre à Linux c’est surtout constater qu’il existe de nombreuses alternatives à des outils qu’on pensait uniques. En cela, apprendre Linux c’est apprendre à choisir. Et ça tombe bien, le couvre feu met à notre disposition tout le temps que cela nécessite.

À demain, 21 heures.

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Réflexion(s)

Vérité

Toute vérité est-elle bonne à dire ? Alors qu’on serait tenté de répondre par oui ou par non, il est préférable de faire un pas de côté pour trouver une alternative plus élégante. Ici la question n’est pas de savoir ce qu’on va dire mais plutôt à qui on va le dire. On peut tout dire, à tout le monde, mais pas n’importe comment.

La vérité sortant du puits (1896) – JL Gérôme

Quand on cherche à dire des choses qu’on pense vraies ou justes ou simplement importantes, il s’agit d’y mettre un minimum de formes pour les rendre acceptables par celui ou celle à qui on les destine. Même démontrée, une vérité ne doit pas être jetée à la figure de son interlocuteur. Il n’y a rien de pire que de dire ses quatre vérités à quelqu’un.

Et autant cette démarche semble évidente à comprendre en ce qui concerne des relations interpersonnelles (amicales, professionnelles ou amoureuses), autant elle est compliquée à étendre à la vie en société. La société en effet, c’est tout le monde et personne à la fois. La société est anonyme, en quelque sorte, pourrait-on se dire.

C’est ici que la devise de la République (liberté, égalité, fraternité) peut nous venir en aide car ce qui est en jeu c’est bien la fraternité. La notion de fraternité implique bien entendu de la solidarité, mais pas seulement, c’est aussi la manifestation de ce qu’on souhaite construire ensemble pour l’avenir. Et donc jeter ses vérités à la face de la société sans prendre de précaution la met en péril car une agression peut en déclencher une autre.

Emmanuel Jaffelin, Éloge de la gentillesse (2010)

Faut-il pour autant se réfugier dans le politiquement correct ? Rien de moins certain. C’est d’ailleurs une question abordée par Emmanuel Jaffelin dans son Éloge de la gentillesse. Être gentil ce n’est pas être mièvre ou mou du genou. Être gentil c’est être serviable et constructif. C’est se projeter dans l’avenir et, pour reprendre une expression bien connue, c’est chercher à regarder dans la même direction que son interlocuteur.

Œil pour œil rendra le monde aveugle disait Gandhi. Voilà certainement une maxime à méditer pendant le couvre feu.

À demain, 21 heures.

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Réflexion(s)

Le pain

De l’eau, de la farine et du sel. Et c’est tout. Depuis la nuit des temps l’homme fabrique du pain pour se nourrir. La forme et le goût du pain peuvent varier d’un pays à l’autre ou d’une époque à l’autre, mais le principe est toujours le même. Le pain est un aliment à la foi minimal par le nombre de ses composants et essentiel à la vie et à la survie des peuples, partout dans le monde où on cultive le blé.

En France le pain est un aliment tellement important à la fois culturellement et économiquement que sa composition et sa dénomination sont fixés par la Loi. Aujourd’hui on en consomme environ cent vingt grammes par jour et par personne, ce qui représente moins d’une demi-baguette (et surtout, presque dix fois moins qu’en 1900). Faire du pain soi-même est loin d’être aussi facile qu’il n’y paraît car en dépit de la simplicité apparente des ingrédients et de la recette, les paramètres sont nombreux et le savoir peut faire tout changer.

Pétrir pour faire du pain

C’est certainement pour ça que parler du pain c’est aussi parler d’alchimie. Le pain est une transmutation car les réactions qui s’opèrent lors de sa fabrication ne sont pas réversibles et surtout, passer du blé au pain met en jeu les quatre éléments : la terre, l’eau, l’air et le feu. En un mot, le pain c’est la vie.

De façon plus poétique, le pain permet de symboliser le travail. Le travail de l’être humain mais aussi le travail de la nature qui donne le blé et le travail de ses ingrédients qui interagissent les uns avec les autres pour arriver au résultat final, qui d’ailleurs ne correspond pas toujours à ce qu’on attendait. Naturellement, les progrès de la techniques ont résolu nombre de difficultés et les boulangers ne ratent plus que rarement leurs fournées mais faire du pain, c’est un peu partir à l’aventure.

Faire du pain, ce n’est pas seulement la promesse d’une bonne odeur dans la maison ou du plaisir de la dégustation. Le pain c’est surtout la satisfaction du travail bien fait. Une satisfaction bien agréable quand arrive le couvre feu.

À demain, 21 heures

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Réflexion(s)

Temporalités

S’il y a une notion qui a changé au cours des cinquante dernières années, c’est bien le présent. Alors, naturellement, une heure dure toujours une heure mais la surenchère technologique a tout rendu efficace et donc rapide. Ce qui s’est accéléré c’est le rythme auquel nous vivons. Du four à micro-ondes à Twitter, tout va plus vite : les pâtes cuisent plus vite, les informations circulent désormais à la vitesse de l’électron. Et dans ce contexte la tentation de tout analyser à chaud est grande. On passe d’une indignation à l’autre et un clou chasse l’autre à un rythme effréné.

Or, penser et même vivre demandent du temps. Pour réfléchir il est nécessaire de prendre son temps, pour, comme dit joliment une amie, poser son cerveau. Parce que si nous tendons tous vers l’avenir, il ne faut pas oublier que nous venons du passé. Ou, pour le dire de façon plus imagée, parce que le présent réalise le passé et préfigure l’avenir.

Civilisations impériales, Éditions du Félin.

Prendre son temps pour analyser à froid, c’est ce qui fait tout l’intérêt de la démarche historique et c’est même pour cela que nombre d’archives sont mises au secret pendant cinquante ans, voire même soixante-dix ou cent. L’histoire ne se fait pas au fil de l’eau. Elle se vit au passé. Faire de l’histoire c’est en quelque sorte poncer la vie.

Alors que le nouveau millénaire s’annonçait, le professeur Jean Mathiex publiait Civilisations impériales. En deux tomes, on peut ainsi découvrir la Grèce et Rome mais aussi l’Inde et le Portugal, la Russie, les mondes chrétiens et musulmans. Et comme il s’agit d’un ouvrage d’historien, il est tout à fait possible de s’y replonger aujourd’hui. Le style a vieilli mais les analyses permettent d’éclairer nombre de réalités du quotidien.

Ce livre est épuisé. Il faudra donc aller le lire en bibliothèque. Mettre Twitter en pause, arrêter de vivre au rythme de BFM et prendre son temps pour comprendre d’où nous venons. Cela permettra aussi d’éclairer les directions à prendre. Une activité à faire en couvre feu, somme toute.

À demain, 21heures.

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Réflexion(s)

Architecture

La durée est certainement ce qui frappe le plus quand on s’intéresse à l’architecture. Construire, en effet, c’est bien sûr s’inscrire dans l’espace mais c’est aussi et peut-être surtout s’inscrire dans le temps. C’est sans doute pour cela que l’architecture est un art aussi conceptuel. Il faut imaginer, envisager et prévoir. L’architecture permet de donner corps à une vision du monde qu’on peut proposer ici et maintenant mais qu’on peut également proposer aux générations futures.

Une émission de la série Architectures

Depuis 1996, la série Architectures analyse des constructions qui ont marqué le temps. Je suis toujours frappé et séduit par l’esthétique de cette série : des épisodes courts, un style minimaliste, un commentaire qui semble neutre (en apparence du moins), des plans chirurgicaux. Il y a dans la série Architectures une dimension d’intemporalité qui incarne tout à fait le rapport au temps qui est celui des constructions analysées.

Mais si l’architecture est un des beaux-arts, c’est certainement également le plus politique, au sens premier du terme : l’organisation de la cité et plus largement l’organisation d’un pays. On passe alors de l’architecture à l’urbanisme. Regarder un plan (d’un quartier, d’une ville, d’un pays) donne souvent une bonne vision de l’organisation politique sous-jacente. Prenons une carte de France. Regardons les réseaux de transport. Qu’ils soient ferroviaires ou routiers, ils font de Paris le centre du pays. Le jacobinisme qui prévaut depuis la Révolution (et qui, en réalité, remonte à Louis XIV) est en quelque sorte incarné dans les infrastructures de notre pays.

En passant des constructions à l’urbanisme, on passe de l’inerte et et de l’intemporel au social et l’historique. En réalité, étudier l’architecture, c’est étudier la vie.

À demain, 21 heures

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Geekeries

Traiter du texte

Le traitement de texte est certainement une des applications les plus courantes de l’informatique personnelle. Les logiciels les plus habituels en la matière rassemblent en réalité des fonctions qui sont longtemps restées séparées : éditer du texte, le corriger, le mettre en forme et, enfin, l’imprimer. En utilisant un traitement de texte, chacune et chacun de nous se fait auteur, éditeur, maquettiste, correcteur, typographe et, enfin, imprimeur.

Pour mettre un texte en page, on se contente bien souvent de tâtonner au petit bonheur la chance jusqu’à trouver un résultat satisfaisant. Pourtant, l’art de la mise en page est un domaine qui obéit à des règles bien précises, qui ont été fixées au fil du temps et qui sont censées produire de beaux documents, afin qu’une belle forme permette de mettre en valeur un bon fond. Mettre en page un document, c’est se lancer dans un travail minutieux. Un travail qui combine sensibilité artistique et précision technique.

Une émission de la série C’est pas sorcier a été consacrée à l’imprimerie

Il est assez courant de trouver des formations de calligraphie ou de reliure mais il est assez rare de trouver quoi que ce soit pour apprendre la typographie, qui est un domaine passionnant, qu’il est finalement assez simple d’aborder par soi-même.

Avant de chercher à se lancer dans des choses compliquées, il est tout à fait possible de commencer par lire — et par appliquer — les Petites leçons de typographie de Jacques André. C’est très clair, très pédagogique et très facile à mettre en œuvre.

Si le domaine vous intéresse, il sera toujours temps de passer à LaTeX, un traitement de textes très particulier et, reconnaissons-le, assez difficile d’accès. Mais apprendre LaTeX c’est faire un véritable pas de côté. Cela permet de voir le traitement de texte autrement.

Il faut remettre en cause ses certitudes et il faut prendre son temps. Se mettre à LaTeX est une activité idéale pendant le couvre feu.

À demain, 21 heures.