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Culture

Bic

Qui ne connait pas le stylo Bic ? Qu’il soit Cristal ou Orange, le Bic est devenu l’icône même du stylo. Tout ou presque a été dit sur ce produit, sur l’idée géniale qui a consisté à le concevoir pour être jeté et sur le lobby — non moins génial — fait par la marque auprès des instituteurs pour en assurer durablement la promotion et le succès.

Concevoir l’innovation industrielle (CNRS Éditions, 2001)

Une innovation est une bonne idée, industrialisée, qui trouve un marché. Telle est la définition que propose Jacques Perrin (in Concevoir l’innovation industrielle, CNRS Éditions, 2001) et qui offre l’avantage de ne pas oublier que l’empilement de technologie ne suffit pas à faire un bon produit. Le stylo Bic offre à cette définition un exemple très parlant.

Les stylos Bic ne sont pas chers et pour autant ce sont des produits de qualité. Il suffit pour s’en convaincre d’utiliser des imitations encore moins chères. Les stylos Bic ne sont pas des produits low cost. C’est certainement une des raisons de leur succès.

Qu’il s’agisse de la démarche industrielle ou de l’approche commerciale, il y a dans le stylo Bic des leçons à prendre pour tous les entrepreneurs en mal d’innovation.

Marcel Bich

Mais le plus étonnant dans le stylo Bic reste encore Marcel Bich, le créateur de la marque. Industriel génial et commercial hors pair mais au parcours atypique, Marcel Bich n’a pas inventé le stylo qui a fait son succès. Il fait partie de ces héros invisibles qui resteront à jamais dans l’ombre de leur produit.

Alors que ses stylos ont marqué des générations, qu’il doit être frustrant de ne pas laisser de trace dans l’histoire. Et Dieu sait si Marcel Bich a essayé, allant jusqu’à financer — sans succès là non plus — de coûteuses campagnes à la conquête de l’America’s Cup, étant le premier français à y participer.

Qu’il s’agisse du stylo ou de l’industriel, il y a dans l’aventure Bic des leçons d’humilité. Faire des grandes choses et passer derrière ses réalisations, chercher en soi-même comment rectifier pour, finalement, arriver à trouver la résilience. Des leçons à méditer en confinement.

À demain, 21heures

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Culture Geekeries

Mare liberum

Au début du 17ème siècle alors que les explorateurs portugais, anglais et néerlandais se lançaient à la découverte du monde, une question faisait l’actualité : la haute mer est-elle libre ? La haute mer se situe au delà de la bande côtière, c’est la partie de la mer qui n’appartient à personne. Autrement dit, est-il possible de naviguer librement partout et sur toutes les mers ?

C’est pas sorcier consacré à l’activité maritime

Les anglais défendaient l’idée que les routes maritimes appartiennent à ceux qui les découvrent et qu’il est possible de faire payer des droits de passage à ceux qui les empruntent. En cela ils proposaient d’appliquer à la mer le bon vieux principe de l’octroi.

Grotius

Avec le livre De mare liberum (De la liberté des mers, 1609), le juriste Grotius démontrait tout l’intérêt du contraire. C’est ce principe qui a prévalu et qui, d’ailleurs, prévaut encore aujourd’hui. L’histoire a retenu que c’est ce qui a permis le développement des échanges commerciaux internationaux.

Au delà d’une discussion sur le rapport entre liberté et commerce, l’intérêt de la réflexion de Grotius est de proposer un droit nouveau et spécifique à un domaine d’activité lui-même nouveau et spécifique, favorisant ainsi l’émergence de ce qu’on appellerait aujourd’hui un écosystème.

Passer du contrôle de la rareté à l’organisation de l’abondance

Aujourd’hui il ne s’agit plus de transporter des marchandises sur les mers mais de diffuser des contenus sur les réseaux. Depuis des années les professionnels de l’industrie culturelle et des médias tentent de transposer les règles de l’ancienne économie à la nouvelle. Or, sur les réseaux, à l’heure où copier un fichier est simple comme un clic, il ne s’agir plus de contrôler la diffusion de biens ou de contenus, mais, au contraire, d’organiser leur abondance.

C’est ce qu’on compris les géants du web et c’est précisément ce qui fait leur force. Google — par exemple — en indexant le maximum de contenus, ne fait que renforcer l’intérêt de son moteur de recherche.

Les géants du web ne sont pas là pour contrôler ce que nous faisons mais pour nous permettre d’en faire toujours plus.

À demain, 21 heures

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Culture

Mc Donald’s

Il est de bon ton, en France, de dénigrer McDonald’s au nom de la malbouffe ou de l’esprit revanchard, de la mondialisation, du grand capital ou que sais-je encore. Et pourtant, qu’on ait raison ou qu’on ait tord, cette entreprise mérite qu’on s’y arrête car elle est de celles qui modèlent notre époque, comme un sculpteur modèle de la terre glaise.

Tout comme aller au cinéma a marqué la génération du baby boom, aller au McDo est une expérience qui a forgé la culture d’une génération. Ce type d’expérience transcende les classes sociales ou les localisations géographiques. Cela créée ce que les philosophes appellent des archétypes, sortes de référents culturels qui permettent à ceux qui savent de se comprendre au delà des mots.

Les archétypes ont cela d’intéressant qu’ils sont inexplicables. Aller au McDo : ou bien cela vous parle et il n’est pas nécessaire de vous l’expliquer puisque vous savez ; ou bien cela ne vous parle pas et il est inutile de tenter la moindre explication, vous ne pouvez pas comprendre. Pas facile dans ces conditions d’établir le dialogue entre générations… thème dont Maxime Le Forestier a fait une très jolie chanson.

Maxime Le Forestier, Dialogue, en concert à Bobino, 1982
Le McBaguette

À moins naturellement, qu’on arrive à trouver un métissage, c’est-à-dire un compromis. En matière de gastronomie, comme ailleurs, on ne coupe pas la poire en deux, on invente une solution médiane : les chefs étoilés cuisinent de snobs burgers à la française et McDonald’s inonde le marché de McBaguette. La vérité — si tant est qu’il y en ait une — n’est ni dans l’un ni dans l’autre mais dans la démarche qui a permis aux deux de voir le jour.

Le métissage est l’avenir des générations qui, l’une après l’autre, inventeront ainsi leur culture propre. Ce ne sera ni mieux ni moins bien, mais juste le reflet du temps présent à ce moment là.

À demain, 21heures.

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Culture Réflexion(s)

Numérique

Après avoir parlé d’informatique, puis de digital, le terme consacré aujourd’hui est numérique. Toute la question est de savoir qu’il désigne ! Le numérique, comme ses prédécesseurs, est un concept assez vague, en réalité, qui va des services en ligne aux voitures intelligentes, et de la téléphonie mobile à la maison connectée (ne surtout plus dire domotique !), sans parler de l’intelligence artificielle ou du mouvement des makers.

Maurits Cornelis Escher, Montée et descente (1960)

Parce que son histoire est assez récente (les premiers ordinateurs dignes de ce nom ont moins de soixante-dix ans) et parce que sa progression a été fulgurante, le numérique donne l’impression d’être une sorte de génération spontanée perpétuelle : il se passe toujours quelque chose de nouveau et ce qui était à la mode hier est totalement dépassé aujourd’hui.

Le numérique a son propre vocabulaire, ses pratiques propres, ses méthodes propres. Le numérique a créé une véritable culture avec ses référents, ses blagues, son histoire. Et parce que le numérique s’est immiscé partout où il pouvait, il a aujourd’hui envahit nos vies. Sans surprise, le numérique a construit un écosystème avec ses héros et ses anti-héros, ses géants et ses stars déchues.

Boite de Télécran

Ce qui frappe avec le numérique c’est qu’il est finalement assez peu conceptuel. Le numérique ne demande pas une grande capacité d’abstraction : le numérique est une invitation à l’apprentissage en mode essais-erreurs. Manipuler du logiciel, c’est un peu comme jouer avec le Télécran de notre enfance. Si on est pas satisfait, on efface et on recommence. Pour les français que nous sommes, habitués à l’abstraction, il n’est pas toujours facile d’y comprendre quelque chose.

Breaking Smart

En 2016, Venkatesh Rao, a publié sous le titre Breaking smart, une série de dix-sept articles consacrés au numérique. Avec une approche très littéraire et très conceptuelle, Breaking smart offre — enfin — une explication à la fois poétique et rationnelle du numérique. Et la bonne nouvelle c’est que ce texte clairvoyant est traduit en français.

Prendre de la hauteur, réfléchir, envisager, imaginer et comprendre. Exactement de quoi s’occuper utilement en confinement.

À demain, 21 heures

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Économie

Depuis la Seconde Guerre mondiale, nous vivons dans la société de consommation. Bien entendu, en soixante-quinze ans les choses ont bien changé mais les fondamentaux, eux, n’ont finalement pas trop évolué. Quand on vit en 2020, s’intéresser à l’économie permet de comprendre le monde dans lequel on vit, tout simplement.

Toute la question est de savoir comment s’y prendre…et face à un sujet aussi vaste, ce n’est pas chose facile. C’est d’ailleurs la première leçon de cette science humaine : en économie, les contraires ne s’opposent pas forcément et plusieurs chemins peuvent permettre d’atteindre le même résultat.

Jean Fourastié

Autre avantage de l’économie, comme c’est une science humaine, on y trouve parfois de très bons auteurs, agréables à lire. C’est le cas de Jean Fourastié dont l’ouvrage le plus connu est également le manifeste de toute une époque, les Trente glorieuses. Paru en 1979, cet ouvrage est naturellement dépassé mais pose les fondamentaux du monde qui est le notre encore aujourd’hui.

Economix

Plus léger et plus complet mais plus anglo-saxon dans son approche, Economix a l’avantage d’être une bande dessinée. Bien que publié assez récemment (2012) ce livre est très classique dans son approche et pose les fondamentaux de l’histoire économique. Disponible en édition originale (anglaise, à couverture verte) et traduit en français (couverture rouge), Economix fait partie de ces ouvrages (tout comme les Découvreurs) qui permettent de prendre beaucoup de hauteur.

Demain ne meurt jamais

Lever la tête du guidon, voilà l’enjeu. Nous vivons à un rythme fou, dans un monde ultra connecté où chacun aimerai déjà être à demain, tout comme Elliot Carver, le héros de Demain ne meurt jamais. En moins de vingt ans, les Gafa, ont inventé une nouvelle économie qui tend vers l’avenir chaque jour d’avantage.

Comme ils semblent ne pas avoir d’histoire, les Gafa donnent l’impression de tout graver dans le sable. Or, pour autant, le monde d’aujourd’hui nous vient du passé. Tout comme en biologie, la génération spontanée n’existe pas. Même l’innovation la plus radicale est le fruit d’une évolution.

Et c’est là tout l’intérêt de l’économie, qui pour comprendre, met les choses en perspective. En 2020, l’économie ne peut plus se contenter d’être une science humaine réservée aux élites universitaires et aux étudiants des écoles de commerce. En réalité, l’économie est une science du quotidien qui doit faire partie de notre culture générale, tout comme les beaux arts ou l’histoire.

À demain, 21 heures

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Chanel

La maison Chanel fait partie de ce qu’on appelle fièrement les fleurons de l’industrie française. En dépit — ou à cause — de son histoire tumultueuse, du caractère ombrageux de sa créatrice et de la personnalité de feu son emblématique directeur artistique, Chanel est sur le devant de la scène économique de notre pays. Chanel est une multinationale florissante et plus que centenaire, pour qui réussite industrielle et commerciale vont de pair avec opacité financière et opinions parfois sulfureuses.

Le logo de la maison Chanel, inchangé depuis sa création
Un portrait de Coco Chanel

Quoi qu’il en soit, sa créatrice reste fascinante. Autodidacte, Mademoiselle, a passé sa vie à innover et à chercher des solutions pour faciliter le quotidien. Les coupes, les matières et même les couleurs des vêtements créés Coco Chanel ont — modestement — participé à l’histoire du XXème siècle et — moins modestement — contribué à l’émancipation des femmes.

Pour le dire avec les mots d’aujourd’hui, Coco Chanel a su développer un écosystème autour ses créations : vêtements (haute couture et prêt à porter), sacs, accessoires, parfums… la marque décline une vision du monde et de la société qui s’incarnent dans ses produits, en quelque sorte.

Pour parler d’innovation, on est tenté de citer Steve Jobs ou Bill Gates, et quelques autres légendes de la Silicon Valley. Quand on y pense, pourtant, Coco Chanel est de cette race d’hommes — et de femmes — qui relèvent des défis incroyables pour laisser une trace dans l’univers. Sans en avoir l’air, Chanel est une entreprise qui a tout d’un Gafa et Coco est de la race des géants de l’innovation.

Je ne suis pas la mode, je la fais

Coco Chanel
Coco Chanel au travail, en tailleur

Coco Chanel était tellement sûre d’elle-même qu’elle ne doute pas quand elle présente, à la stupéfaction générale, son fameux tailleur. Nous sommes en 1954. Mademoiselle a 71 ans et ne doute pas qu’elle s’imposera alors qu’elle va à contre-courant de la mode, de l’opinion générale et de l’air du temps. Une fois encore elle fait la mode.

Alors, bien entendu aujourd’hui, tout comme la petite robe noire, le tailleur est un vêtement franchement désuet. Il n’est plus tout à fait adapté à la vie des années 2020 et pourtant ce vêtement peut garder une place dans une garde robe. Le tailleur n’est plus une tenue du quotidien ni le manifeste d’un style de vie (quoique) mais il reste quand même d’actualité pour certaines occasions.

Quand le confinement prendra fin, on pourra aller visiter l’exposition Gabrielle Chanel, manifeste de mode au musée Galliera… l’expo dure jusqu’en mars 2021. En théorie du moins. Croisons les doigts.

À demain, 21 heures

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Voler

Depuis la nuit des temps, voler est une sorte de fantasme de l’humanité. Allez savoir pourquoi, les êtres humains cherchent à quitter le plancher des vaches. Peut-être parce que voler permet de rêver de liberté et de simplicité. D’ailleurs, Michel Fugain en a même fait une belle chanson, aussi simple que poétique.

Michel Fugain et le Big Bazar, Fais comme l’oiseau (1972). Admirez le kitch des tenues et de la chorégraphie !
Une vie de l’avion de L. de Vinci

D’un point de vue technique, alors que la navigation sur les eaux est une des plus anciennes conquêtes du génie humain, et si on fait abstraction des rêves de Léonard de Vinci ou des tentatives de frères Mongolfier, il faudra attendre la fin du XIXème siècle pour que l’aviation commence à voir le jour. Et ce qui frappe avant tout, c’est le rythme des progrès de l’aviation. En moins de cinquante ans, on est passé du bricolage en toile et bois des frères Wright (1902) à des aéronefs construits à la chaine et exploités par des compagnies aériennes parfaitement opérationnelles.

Étudier l’histoire de l’aviation, c’est voir des pionniers faire reculer les limites de la technique, bien entendu, mais c’est aussi voir des femmes et des hommes se lancer dans des aventures incroyables : traverser les océans, franchir les montagnes et relier les continents. Aujourd’hui tout baigne dans l’huile et le transport aérien est un de ces fameux maillons invisibles de la chaine logistique. À tel point qu’on s’énerve quand une commande Amazon a une journée de retard !

Or, pour repousser les limites, il faut avoir confiance dans l’avenir. Les exploits d’hommes comme Charles Lindbergh ou Chuck Yaeger sont fascinants. Voilà des garçons (25 et 24 ans, respectivement, au moment de leurs exploits) qui savaient parfaitement que leurs prédécesseurs étaient morts en tentant l’exploit qu’ils tentaient à leur tour. Et pourtant, ils osent, ils se lancent dans l’inconnu avec des machines qui sont de véritable bombes volantes surchargées d’essence.

À l’image de ces anecdotes, l’histoire de l’aviation témoigne d’une certaine idée du progrès de l’humanité et de sa place dans le monde. Que l’homme constitue le centre d’un monde tout entier à sa disposition était une évidence alors largement partagée. Les choses ont bien changé aujourd’hui.

Daniel Costelle a consacré une très belle série à l’histoire de l’aviation. Elle est passionnante. Voilà de quoi passer utilement le temps en couvre feu.

Premier épisode de L’histoire de l’aviation (1977) de Daniel Costelle. Les six autres sont sur la chaine de cette vidéo.

À demain, 21 heures.

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(re)Lire les Découvreurs

Les Découvreurs de Daniel Boorstin est un livre à la fois totalement passionnant et totalement inutile. Passionnant car il permet de parcourir les grandes découvertes de l’humanité en prenant beaucoup de hauteur et en portant sur notre histoire des regards transversaux. Totalement inutile car, à première vue, il n’y a rien qu’on puisse tirer de ce livre, rien d’utile à court terme, en tous cas.

Les Découvreurs

Et pourtant, en parcourant le temps, la terre et les mers, la nature et la société, les Découvreurs permet d’acquérir cette fameuse culture générale qui fait tellement polémique qu’on finit souvent par la retirer des formations universitaires au motif qu’il faut coller aux besoins du monde du travail.

Le paradoxe de cette approche est que de plus en plus les entreprises cherchent à innover… or pour innover il faut aussi (mais pas seulement), rêver et imaginer. Et bien cette culture générale est, justement, ce qui permet de nourrir l’imagination et donc, dans une certaine mesure, l’innovation. La culture générale est le carburant de l’imagination. Très bien écrit et très bien traduit, les Découvreurs donne l’impression de lire un roman de Jules Verne, mais dans la vraie vie. On prend de la hauteur, on imagine, on rêve… et, très souvent, on comprend pourquoi les choses d’aujourd’hui nous viennent du passé et tendent aussi vers l’avenir. Les Découvreurs permet de mettre en perspective le passé, le présent et l’avenir.

Les Découvreurs est un livre poétique et inspirant, un livre idéal pour occuper le couvre feu.

À demain, 21 heures

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(ré) Écouter Jean-Michel Jarre

Tout a été dit (ou presque) sur Jean-Michel Jarre, sa personnalité extravagante et sa musique hors du commun. Alors que la fin des années 1970 voyait l’apogée du disco dans une ambiance de strass et de paillettes, Jean-Michel Jarre, lui, faisait sortir de leur laboratoire les incroyables expérimentations musicales de Pierre Schaeffer et Pierre Henry pour leur permettre d’être diffusées sur les ondes des grandes radios périphériques d’alors. En trouvant un style qui n’appartient qu’à lui, Jean-Michel Jarre a su rendre mélodiques des sonorités qui jusque là heurtaient l’oreille.

Jean-Michel Jarre en 2016 à Berlin (© A.Savin, WikiCommons)

Je passe sur les réactions que cette musique alors nouvelle a suscitées. Il s’agissait, une fois encore, d’un conflit de générations opposant, comme toujours, les anciens et les modernes. Et dans ce type de conflit, à long terme les modernes finissent toujours par gagner. Non parce qu’ils sont les plus forts mais faute de combattants, en quelque sorte, les anciens finissant par mourir, tout bêtement. De plus, pour les gens de ma génération, la musique de Jean-Michel Jarre a le goût de l’enfance. Dans les années 1980, Jean-Michel Jarre c’était moderne, jeune, rafraichissant, planant… et surtout, il y a dans la musique de Jean-Michel Jarre un indéniable côté abstrait qui la rend unique.

Piet Mondrian Composition en rouge, jaune, bleu et noir (1921)

Écouter la musique de Jean-Michel Jarre c’est aussi, en quelque sorte, s’ouvrir à l’art conceptuel, au cubisme, à Jackson Pollock et à Piet Mondrian. La musique de Jean-Michel Jarre ouvre l’esprit.

La musique de Jean-Michel Jarre, c’est plus que de la musique. Aujourd’hui patinée par le temps, elle n’est plus à la mode. Elle offre ce petit côté désuet qui permet de l’écouter avec le recul qui permet de prendre sa vraie dimension culturelle.

À demain, 21heures.