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Consommation

Depuis le Moyen-âge l’argent joue un rôle pacificateur : l’émergence de la bourgeoisie fut un des paramètres qui a permis la construction des pays en Europe. Quand on a du bien, on ne part pas en guerre, au risque de perdre le fruit de son travail.

Cette vision patrimoniale — ou bourgeoise — constitue une sorte de vision par défaut qui a été à son apogée avec la société de consommation des années 1990. Le triomphe de la middle class constituait la réalisation d’une société faisant de l’égalité un grand rêve collectif.

Economix

C’était un modèle simple, pour une société issue de la reconstruction et qui, après les privations de la guerre, s’était habituée à la croissance et à la puissance. Pour se rafraîchir la mémoire en matière d’histoire économique, on pourra lire Economix de Dan Burr et Michael Goodwin, un petit livre d’autant plus didactique qu’il s’agit d’une bande dessinée.

Dernière évolution en date : la prise en compte d’un paramètre qualitatif, nous faisant passer du consommer plus au consommer mieux. La logique purement économique est remplacée par une logique éthique. Plus éduqués et pendus à leurs smartphones, les consommateurs sont devenus responsables. On cherche à consommer mieux pour se réaliser soi-même.

Cette évolution permet l’émergence de la sobriété heureuse. Proposé par Pierre Rabhi, ce mouvement pose en réalité un regard aussi alternatif que constructif sur la société de consommation.

Mon verre n’est pas grand mais je bois dans mon verre. 

Alfred de Musset

Mais surtout, la consommation de réalisation ne remplace pas les autres, elle cohabite avec les formes classiques de consommation. Pour reprendre l’expression d’Edgar Morin, on passe de l’analyse systémique à l’analyse de la complexité.

Dans un même mouvement, un consommateur peut tout à la fois acheter le moins cher des produits, vu comme une commodité et un produit durable ou éthique, tout simplement parce que cet autre domaine de la consommation est dans le champ de son besoin de réalisation.

On achète un iPhone pour stocker des milliers de photos, des nouilles premier prix et du beurre bio AOC. Il n’y a pas opposition mais complexité.

À demain, 21 heures.

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Dictionnaires

Le Grand Larousse et le Petit Robert, le Gaffiot et le Bailly mais aussi Tout l’univers, L’Encyclopædia Universalis et le Quid. Il fut un temps où la connaissance n’était disponible qu’avec parcimonie et réservées aux lecteurs des bibliothèques. Un temps où l’orthographe s’apprenait… C’était une certaine idée du savoir. La pertinence du fond n’allait pas sans une certaine élégance de la forme.

Il est intéressant de constater qu’à l’heure du fact checking (qu’on pourrait considérer comme un doute cartésien étendu à la planète entière), on questionne généralement le fond sans réellement mettre la forme en cause. Untel, unetelle a dit çi ou ça. D’accord, mais dans quelles conditions ? À quelle occasion ? Dans quel contexte ? Sur quel support ? C’était le domaine de l’herméneutique, la lecture de la forme des messages.

Une page de dictionnaire

En réalité, depuis des années, les correcteurs orthographiques, Wikipédia et quelques autres outils ont, en quelque sorte, automatisé la mise en forme de nos réflexions. On ne vérifie plus l’orthographe, Word s’en occupe. On ne vérifie plus tel ou tel fait, Wikipédia le sait. Les hashtags et les influenceurs font la vérité. Le numérique n’est plus un outil, c’est un état d’esprit qui modèle notre manière de réfléchir.

Mais surtout, de même qu’on pense avec des mots, on travaille avec des outils. Ce qu’il convient de maîtriser aujourd’hui ce sont des outils techniques (les logiciels de traitement de texte et de présentation, les applications de dessin et, pourquoi pas, les expressions régulières, ou même un peu d’HTML), faute de quoi mettre en forme ses idées et les diffuser devient un exercice périlleux.

Du code HTML

De même que les dictionnaires permettaient de penser avec élégance, les outils numériques permettent de communiquer avec efficacité.

Au temps des dictionnaires on faisait des mots croisés, à l’heure des outils numériques on fait des sudoku. Ce n’est ni mieux ni moins bien qu’avant, c’est la réalité d’aujourd’hui.

À demain, 21 heures

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Culture

Rideaux

Avec les beaux jours arrive le grand nettoyage de printemps ! Ce véritable rituel est tombé en désuétude mais il donnait à nos grands-mères l’occasion d’ouvrir les armoires, de retourner les matelas et de nettoyer les rideaux…

Les rideaux nous semblent naturels. Il y en a partout aux fenêtres et c’est même parfois un des premiers ameublements qu’on installe pour se sentir véritablement chez soi. Or, en réalité, les rideaux sont avant tout culturels. Il suffit de voyager pour s’apercevoir qu’il existe des pays à rideaux et des pays sans rideaux.

À première vue il est tentant de se dire qu’on trouve les pays sans rideaux au nord et les pays avec rideaux au sud. On aura pas tord mais une approche plus subtile est également possible. Bien souvent les pays sans sont de culture protestante et les pays avec sont de culture catholique.

Au delà de la quantité de lumière, les rideaux en disent long sur le rapport des peuples à la pudeur. Il suffit d’aller faire un sauna dans un pays sans rideaux pour s’en rendre compte en pratique.

Du temps où certains soldats français faisaient leur service militaire dans une Allemagne alors occupée, ils découvraient avec surprise que les douches des casernes allemandes ne comportaient pas de cabines… normalité pour les uns, horreur pour les autres.

Et, de l’intimité à la vie privée il n’y a qu’un pas. Cette différence se retrouve également dans le rapport des populations à leurs données personnelles. Pas étonnant que le pays de la Loi informatique et libertés, soit, justement, un pays à rideaux.

Impasse des deux palais par N. Mahfouz

Mais surtout, les rideaux nous rappellent que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Quand le rideau se fait moucharabieh, on peut voir sans être vu et distinguer un espace sans forcément le séparer d’un autre. D’ailleurs, le moucharabieh est un des personnages centraux d’Impasse des deux palais des un très beau roman de Naguib Mahfouz qu’on pourra (re)lire avec plaisir.

un moucharabieh égyptien

En réalité, les rideaux questionnent notre rapport à l’intimité et donc notre rapport au monde.

À demain, 21 heures

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Geekeries

Podcast

Le cinquantième billet de ce blog a été posté le 24 mars dernier et je vous annonçais une petite surprise (qui me trottait dans la tête depuis quelques temps déjà). Et bien, pour célébrer ce premier point de passage, les articles de 21 heures.com seront désormais disponibles en podcast !

Plus facile à faire qu’une vidéo et plus pratique à écouter, ce podcast fera de 21 heures.com une sorte de radio émettant deux minutes par jour. Cela peut paraître modeste mais après tout, les plus long voyages commencent par un premier pas, qu’il s’agisse d’aller découvrir le monde ou de partir sur le chemin de la résilience.

Désormais, chaque chronique sera disponible en audio. Petit à petit, toutes les chroniques (il y en cinquante-quatre avec celle que vous lisez actuellement) seront disponibles en audio également.

21 heures.com est disponible sur Anchor.fm. Il est très facile de vous y abonner via Spotify et quelques autres services de diffusion.

Cliquez sur la montre pour découvrir le Podcast

Mais surtout, cela n’a vraiment rien d’un exploit, comme pourraient peut-être le penser celles et ceux qui ont connu le monde d’avant (avant internet, les ordinateurs, les smarphones). Diffuser un podcast (ou une vidéo sur Youtube) est même à la portée du premier venu disposant d’un smartphone, d’un peu de temps et d’une idée, aussi petite soit-elle ! Tous ces outils sont tellement évidents que plus personne ne les pense comme des innovations. Tout cela n’est que la normalité d’aujourd’hui.

Un livre pour mieux connaitre les Gafa

Et c’est d’ailleurs ce qui fait la force des services proposés par les Gafa. En s’ancrant dans le concret, ils nous offrent des outils pour faire et pas des concepts pour penser. Alors que pendant des siècles le savoir (avant tout abstrait) se transmettait par l’éducation, les Gafa nous font entrer dans le monde de l’apprentissage, où la transmission se fait par le geste. Il ne s’agit plus d’avoir raison ou tord mais de se confronter au réel et d’essayer, puis de progresser.

Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends

Nelson Mandela

Parce qu’ils nous proposent des outils, les Gafa font de nous des apprentis du quotidien.

À demain, 21 heures

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Académique

Dire classique c’est souvent penser musique classique, qu’on oppose généralement à musique populaire, avec parfois un brin de condescendance. Or cette distinction a quelque chose de perturbant car la notion de classique évolue au fil du temps.

Peut-être conviendrait-il de parler de musique académique en ne l’opposant plus à populaire mais à progressive, par exemple. Avec cette approche, on pourrait classer les Beatles dans la musique classique, ce qu’il sont devenus, presque soixante ans après leurs premiers succès. Autrefois rebelle, en effet, la musique des Beatles est aujourd’hui d’un conformisme absolu.

The Beatles, à l’époque de l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band

En matière d’éducation on a longtemps opposé les études classiques (qu’on appelle aujourd’hui littéraires) aux études modernes (aujourd’hui scientifiques) alors qu’il peut être d’une grande modernité d’étudier les auteurs classiques et d’un conformisme absolu d’étudier les sciences. D’ailleurs, les universités ont d’ailleurs gardé cette approche en silos, séparant les étudiants de lettres et ceux de sciences, la culture d’un côté, le savoir de l’autre… tant et si bien qu’on finit par former ou bien des cultivés ignorants ou bien des sachants incultes !

Mais surtout, opposer classique et moderne permet de s’interroger sur l’académisme. Depuis l’antiquité, une académie rassemble des savants reconnus par leurs pairs. Bref, qu’il soit littéraire ou scientifique (et même médical), le savoir académique, c’est le savoir officiel, reconnu… fréquentable, en quelque sorte.

Le monde ne sera sauvé, s’il peut l’être, que par des insoumis

André Gide

Face à toute cette bien pensance académique, il est parfois utile de se souvenir de cette belle citation d’André Gide (par ailleurs prix Nobel de littérature, Gide n’étant jamais à un paradoxe près !) qui nous interroge sur la rapport entre conservatisme et progressisme. Le savoir académique, par sa nature même, est conservateur. Partant, comment peut-il nourrir le progrès ? Pour progresser faut-il commencer par s’approprier le savoir académique avant de mieux s’en détacher ?

« Du passé faisons table rase » chantent les révolutionnaires dans l’Internationale. Peut-être y a-t-il là une leçon plus profonde qu’il n’y parait !

L’Internationale en français

À demain, 21 heures

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Résilience

Parmi les mots à la mode actuellement, résilience est certainement le champion ! Il y a encore dix-huit mois, c’était un obscur concept réservé aux amateurs de développement personnel mais le contexte sanitaire actuel a beaucoup changé les choses, tant et si bien que la résilience a envahit notre quotidien.

Édition originale du Tao de Pooh

Naturellement des spécialistes n’ont pas manqué d’apparaître et de courir les médias pour pontifier sur le sujet. Il faut reconnaitre que le concept n’est pas facile à aborder. Pourtant, dans Le Tao de Pooh, Benjamin Hoff propose une approche originale : présenter les principes du Tao en mettant en scène les personnages de Winnie l’ourson. La démarche est étonnante et le résultat aussi amusant qu’efficace. Paru en 1982, ce livre a été récemment retraduit et réédité en français. Bien entendu il est question de Tao mais pas seulement. Ce livre constitue également une excellente introduction au concept de résilience.

Pour aborder la résilience, il faut aussi s’attaquer à l’authenticité. Et c’est beaucoup plus compliqué qu’il n’y parait car être authentique nous renvoie à nous-mêmes et à nos faux semblants. Être authentique ne consiste pas seulement à tomber le masque mais avant-tout à faire en sorte d’être en phase avec soi-même et, en quelque sorte, de sonner juste.

Mais surtout la résilience invite à nous ancrer dans le concret. La résilience ne s’explique pas, elle s’apprend un pas après l’autre et elle se pratique au quotidien. La résilience se cache dans les détails, somme toute.

Comprendre la résilience ne relève pas de l’éducation mais de l’apprentissage. S’approprier la résilience passe avant tout par le geste et donc par l’exemple.

Alors qu’elle traversait une mauvaise passe, Clémence a pris le taureau par les cornes. Avec beaucoup de pragmatisme, cette Maman économe a cherché des solutions pour s’en sortir.

Clémence a beaucoup d’énergie et prend la vie avec autant d’humour que de philosophie. Clémence nous invite à nous mettre en marche.

La résilience est un road movie sur les chemins de la vie.

À demain, 21 heures.

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Circumnavigation

Depuis Magellan, partir autour du monde c’est partir à l’aventure. Après avoir été prétexte au développement du commerce (qui constituait la motivation première du projet de Magellan), et aux découvertes scientifiques (l’expédition de La Pérouse ou le deuxième voyage du Beagle restant des exemples célèbres parmi d’autres) faire le tour du Monde relève avant tout aujourd’hui de l’exploit sportif — le dernier Vendée Globe et ses diverses péripéties le démontrant une fois encore.

Un planisphère ancien

On l’oublie trop souvent, mais que seraient les échanges mondiaux sans tous les navires qui parcourent la terre en tous sens et par tous les temps ? Les marins de commerce ont leurs héros, du capitaine Haddock à Corto Maltese, naturellement. Et les marins ont les ports. Partout dans le monde, les ports sont des lieux particuliers et presque en déphasage d’un monde que, paradoxalement, ils connectent. Jacques Brel en a d’ailleurs fait une de ses plus belles chansons.

Amsterdam, par Jacques Brel (Olympia, 1966)
Joshua, le bateau de Bernard Moitessier

Mais surtout, le tour du monde incite au voyage et à l’évasion. En prenant un pari incensé Philéas Fogg, héros moderniste s’il en est courait — déjà — contre le temps.

La littérature de voyage compte également de nombreux récits d’anti-héros qui prennent leur temps. Joshua Slocum est le premier de cette série d’aventuriers des temps modernes, aux côtés Bernard Moitessier, qui d’ailleurs nomma son bateau en hommage à son prédécesseur.

Croquis de Damien

L’aventure de Gérard Janichon et Jérôme Poncet, Damien, est particulièrement touchante. Avec une grande économie de moyens et une volonté très affirmée, les deux protagonistes partent vers le nord et le froid pour une navigation qui, au total, durera presque quatre ans.

Il faudrait parler d’Antoine et de quelques autres… au delà de ces quelques exemples, tous les récits de voyages sont autant d’Odyssées fantastiques qui, en réalité, nous révèlent des aventuriers d’eux-mêmes dont les rêves nourrissent nos introspections.

En nous connectant au monde, les aventuriers nous connectent à nous-mêmes.

À demain, 21 heures

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Culture

Le Papier

Depuis la nuit des temps, le papier accompagne l’activité humaine. Bien entendu, sous sa forme actuelle, le papier est une création somme toute récente mais, même produit à partir de papyrus ou de peau, le papier permettait déjà des usages proches de ceux qui sont encore en cours aujourd’hui.

La versatilité n’est pas la moindre des qualités du papier qui permet, naturellement, d’écrire du texte mais aussi de la musique, du dessin, du calcul… versatilité qui, d’ailleurs, se retrouve dans des usages qui vont de l’art pictural à l’emballage du poisson, en passant par les livres, les journaux ou les affiches !

D’une certaine manière, le papier a également structuré la vie des affaires. Que seraient les ventes immobilières sans les titres de propriété paraphés, signés et tamponnés ? Que serait le commerce sans les contrats qu’il faut signer ? Des métiers du papier, le documentaliste n’est pas le moins important, et même peut-être le plus drôle, quand on sait que c’est celui de Gaston Lagaffe qui passe sa vie à tenter de ranger les bureaux de la société qui l’emploie (à rien faire, comme chacun sait).

Gaston Lagaffe

Le papier était tellement présent dans les entreprises que dès le milieu des années 1990, c’est en s’attaquant au papier que les ordinateurs personnels ont envahit les bureaux. Le concept (et mythe éternel !) de bureau sans papier a donné naissance à la bureautique, terme désormais tombé en désuétude tellement les outils numériques se sont imposés comme des évidences.

Mais surtout, parce qu’il nous incite à la créativité, le papier a encore de beaux jours devant lui ! Armé d’un stylo ou d’un crayon, il est possible de passer du texte au croquis et même au dessin. Le papier permet de projeter sa pensée et permet de lui donner une forme assez libre. De plus, s’exprimer sur du papier ne demande pas nécessairement une grande maitrise technique.

Et il est même possible de fabriquer ses propres carnets, ce qui permet de faire du support un moyen d’expression en soi. C’est ce que fait Ninon dans cette vidéo. Voilà une idée d’activité pendant le confinement…

Comme Ninon, lancez-vous dans la fabrication de vos propres carnets…

À demain, 21 heures

PS : cette chronique est la cinquantième de ce blog… à cette occasion, je prépare une petite évolution… affaire à suivre 😉

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Culture

Construire

Les clichés ont mauvaise presse, en particulier lorsqu’il s’agit des peuples et des gens. Pour plomber une conversation, rien de mieux que de se lancer dans une tirade du style les Français sont comme ci ou bien encore les Allemands sont comme ça. Essayez, vous verrez, c’est radical !

Et pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est exactement ce que fait l’émission Karambolage, diffusée sur Arte chaque dimanche soir depuis 2004. Avec beaucoup d’humour et un habillage caractéristique, l’émission présente des spécificités allemandes et françaises de toute nature et en réalité, elle présente des clichés en détail pour mieux les déconstruire.

Le logo de Karambolage

D’un format de douze minutes environ, chaque émission se compose de plusieurs sujets (généralement trois ou quatre). Karambolage est également présente sur Youtube, ce qui permet de regarder l’émission à sa guise. Encore mieux : la plupart des sujets y sont présents individuellement, ce qui se révèle très pratique.

Un amusant sujet de Karambolage sur les Playmobil

Mais surtout, sans en avoir l’air, Karambolage joue un rôle plus important qu’il n’y parait. Parce qu’elle permet aux peuples de mieux se connaitre (l’émission est disponible en français en et allemand), cette émission apparemment légère joue un grand rôle dans la construction du sentiment d’appartenance à l’Union européenne. Car face à une construction perçue comme lointaine, technocratique et abstraite, l’enjeu est bien de rendre l’Union concrète pour chacune et chacun d’entre nous.

Vous ne commencez pas une révolution en combattant l’état mais en présentant les solutions

Le Corbusier

Ce que Le Corbusier disait de l’architecture peut s’appliquer à de nombreux domaines, dont la construction de l’Union européenne. Tout comme les compagnies aériennes low cost permettent de découvrir les grandes villes de l’Union, Karambolage permet de rendre tangible les similitudes et les différences. Autrement dit Karambolage permet aux peuples de mieux se connaître.

On pourra regretter qu’il n’existe pas un Karambolage par pays membre de l’Union mais surtout, on se félicitera qu’une telle émission existe pour construire des ponts entre les peuples.

À demain, 21 heures.

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Culture

Monsieur Hulot

Tout, ou presque, a été dit sur monsieur Hulot et son génial créateur (Jacques Tati) qui cherchait à personnifier une certaine idée non pas de la France, mais des français. Ce personnage lunaire et fantasque court d’un film à l’autre, pointant du doigt les archétypes d’une nation.

Monsieur Hulot (Jacques Tati) dans Mon Oncle (1958)

Pour s’en faire une idée, on pourra (re)voir avec bonheur Les vacances de monsieur Hulot (1953). C’est un film enraciné dans la culture populaire française qui est formellement très travaillé et d’une grande dimension artistique. Les mouvements de caméra, les angles de prise de vue, la photo en noir & blanc, les innombrables bruitages… tout l’art cinématographique de Tati saute aux yeux. On comprend vite pourquoi ce film a reçu autant de prix.

Une des affiches des Vacances...

Il est de bon ton de dire que ce film n’a pas pris une ride… Or cette affirmation revient à ignorer le monde qui nous entoure ! Du point de vue artistique, certes, les films de Tati sont des grands classiques et ils ont marqué l’histoire du cinéma. Du point de vie sociologique, en revanche, ces films, qui ont été tournés entre 1949 et 1974 sont totalement dépassés. La société française de 2021 n’a plus l’homogénéité culturelle qui prévalait encore durant les Trente glorieuses.

La France d’aujourd’hui est totalement perdue face à l’image de la France d’hier car un grand nombre de références culturelles autrefois évidentes nous échappent. Les vacances de monsieur Hulot appartient au patrimoine du cinéma français et mondial… mais, plus de soixante-cinq ans après sa sortie, du point de vue sociologique, il est ridé et poussiéreux. Il doit rester ce qu’il est devenu : un témoignage humoristique et caustique sur une époque révolue.

Mais surtout, on pourrait se demander si monsieur Hulot existe encore aujourd’hui. Si oui, à qui pourrait-il ressembler ? Quel serait son sexe ? Son genre ? Sa culture et son éducation ? Est-il franchement vegan ou un peu flexitarien ? Bref, existe-t-il encore un français moyen dont on peut se moquer gentiment sans s’attirer les foudres des pro-ceci et des anti-cela ?

Venu du passé, monsieur Hulot nous met face à notre présent et nous interroge sur notre avenir.

À demain, 21heures.