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Réflexion(s)

Académique

Dire classique c’est souvent penser musique classique, qu’on oppose généralement à musique populaire, avec parfois un brin de condescendance. Or cette distinction a quelque chose de perturbant car la notion de classique évolue au fil du temps.

Peut-être conviendrait-il de parler de musique académique en ne l’opposant plus à populaire mais à progressive, par exemple. Avec cette approche, on pourrait classer les Beatles dans la musique classique, ce qu’il sont devenus, presque soixante ans après leurs premiers succès. Autrefois rebelle, en effet, la musique des Beatles est aujourd’hui d’un conformisme absolu.

The Beatles, à l’époque de l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band

En matière d’éducation on a longtemps opposé les études classiques (qu’on appelle aujourd’hui littéraires) aux études modernes (aujourd’hui scientifiques) alors qu’il peut être d’une grande modernité d’étudier les auteurs classiques et d’un conformisme absolu d’étudier les sciences. D’ailleurs, les universités ont d’ailleurs gardé cette approche en silos, séparant les étudiants de lettres et ceux de sciences, la culture d’un côté, le savoir de l’autre… tant et si bien qu’on finit par former ou bien des cultivés ignorants ou bien des sachants incultes !

Mais surtout, opposer classique et moderne permet de s’interroger sur l’académisme. Depuis l’antiquité, une académie rassemble des savants reconnus par leurs pairs. Bref, qu’il soit littéraire ou scientifique (et même médical), le savoir académique, c’est le savoir officiel, reconnu… fréquentable, en quelque sorte.

Le monde ne sera sauvé, s’il peut l’être, que par des insoumis

André Gide

Face à toute cette bien pensance académique, il est parfois utile de se souvenir de cette belle citation d’André Gide (par ailleurs prix Nobel de littérature, Gide n’étant jamais à un paradoxe près !) qui nous interroge sur la rapport entre conservatisme et progressisme. Le savoir académique, par sa nature même, est conservateur. Partant, comment peut-il nourrir le progrès ? Pour progresser faut-il commencer par s’approprier le savoir académique avant de mieux s’en détacher ?

« Du passé faisons table rase » chantent les révolutionnaires dans l’Internationale. Peut-être y a-t-il là une leçon plus profonde qu’il n’y parait !

L’Internationale en français

À demain, 21 heures

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