Après avoir parlé d’informatique, puis de digital, le terme consacré aujourd’hui est numérique. Toute la question est de savoir qu’il désigne ! Le numérique, comme ses prédécesseurs, est un concept assez vague, en réalité, qui va des services en ligne aux voitures intelligentes, et de la téléphonie mobile à la maison connectée (ne surtout plus dire domotique !), sans parler de l’intelligence artificielle ou du mouvement des makers.
Parce que son histoire est assez récente (les premiers ordinateurs dignes de ce nom ont moins de soixante-dix ans) et parce que sa progression a été fulgurante, le numérique donne l’impression d’être une sorte de génération spontanée perpétuelle : il se passe toujours quelque chose de nouveau et ce qui était à la mode hier est totalement dépassé aujourd’hui.
Le numérique a son propre vocabulaire, ses pratiques propres, ses méthodes propres. Le numérique a créé une véritable culture avec ses référents, ses blagues, son histoire. Et parce que le numérique s’est immiscé partout où il pouvait, il a aujourd’hui envahit nos vies. Sans surprise, le numérique a construit un écosystème avec ses héros et ses anti-héros, ses géants et ses stars déchues.
Ce qui frappe avec le numérique c’est qu’il est finalement assez peu conceptuel. Le numérique ne demande pas une grande capacité d’abstraction : le numérique est une invitation à l’apprentissage en mode essais-erreurs. Manipuler du logiciel, c’est un peu comme jouer avec le Télécran de notre enfance. Si on est pas satisfait, on efface et on recommence. Pour les français que nous sommes, habitués à l’abstraction, il n’est pas toujours facile d’y comprendre quelque chose.
En 2016, Venkatesh Rao, a publié sous le titre Breaking smart, une série de dix-sept articles consacrés au numérique. Avec une approche très littéraire et très conceptuelle, Breaking smart offre — enfin — une explication à la fois poétique et rationnelle du numérique. Et la bonne nouvelle c’est que ce texte clairvoyant est traduit en français.
Prendre de la hauteur, réfléchir, envisager, imaginer et comprendre. Exactement de quoi s’occuper utilement en confinement.
À demain, 21 heures