L’uberisation consiste à partir d’une feuille blanche pour repenser une activité qui ronronne en assemblant des composants numériques de façon créative. Cela permet de proposer un service modernisé tellement pratique qu’il s’impose en un éclair.
Il y a dans l’uberisation un principe d’innovation et d’amélioration continue aussi ancien que l’industrie elle-même. À ce propos, l’analyse de Carlota Perez (in Technological Revolutions and Financial Capital: The Dynamics of Bubbles and Golden Ages) est lumineuse car elle insiste précisément sur le facteur le plus ignoré des commentaires d’actualité : la dimension temporelle, qui doit être envisagée à l’échelle humaine c’est-à-dire sur le temps long.
L’uberisation n’est pas le fait exclusif de société commerciales. Wikipedia, a, en quelque sorte uberisé le savoir en rendant obsolètes les encyclopédies les plus prestigieuses. Et d’ailleurs, servant de socle à la quasi-totalité des services numériques qui ubérisent la société, le logiciel Libre tient une grande part dans ce mouvement souvent vilipendé.
Dans ce contexte, travailler ce n’est plus forcément avoir un emploi, L’uberisation diversifie et démultiplie les formes de travail. Plus important, les formes de rémunérations ne sont plus forcément pécuniaires.
Mais surtout, l’uberisation finira certainement par remettre en question la place et le rôle même de l’État. En France, dès qu’on parle d’économie, de travail et d’emploi, l’État n’est jamais très loin. Il s’agit là d’un lointain héritage qui remonte à Louis XIV : le jacobinisme, point commun à toute la classe politique française. Cette véritable passion nationale donne à notre pays la manie de la centralisation. Comment tout cela va-t-il évoluer face l’uberisation et à la société des Gafa ?
Née dans la Silicon Valley, l’économie des Gafa apporte avec elle des concepts dont le libéralisme (au sens anglo-saxon) constitue la pierre angulaire : individualisme, mérite, équité, etc. Ces nouvelles valeurs qui redessinent la société finiront un jour par redessiner l’État.
Paradoxalement le monde des Gafa a permis l’émergence de géants, qui en réalité, généralisent des formes très atomisées de sociétés. Chacun pour soi et les Gafa pour tous, en quelque sorte.
À demain, 21 heures