Derrière le mètre, se cache une démarche très profonde et très structurante. Une démarche que seule la Révolution pouvait mener à bien. Au delà de ses aspects historiques et politiques, en effet, la Révolution propageait également une volonté de tout changer. De ce point de vue, la Révolution constitue un virage à cent quatre-vingts degrés par rapport au système pluri-centenaire qu’elle entendait remplacer.
La Révolution a changé l’organisation administrative de notre pays, l’a doté de Lois nouvelles, a proposé un calendrier nouveau et nombreuses autres innovations. La Révolution portait également un projet de modernisation de la société dont fait partie le système de poids et mesures comportant le mètre. Ce système a beaucoup évolué au fil du temps mais nous l’utilisons encore aujourd’hui.
Évidemment, en 2020, cela peut sembler étonnant ou saugrenu mais remis dans le contexte de la fin du XVIIIème siècle, cette démarche était très innovante. Disposer d’un système unifié sur tout le territoire a permis le développement du commerce (comme ce fut le cas de la liberté de navigation en haute mer) et a contribué à l’unification de la République.
Au milieu du XIXème siècle, en s’appuyant sur le nouveau système de mesure, Félix Potin révolutionne le commerce en proposant des quantités mesurées et des prix marqués. Qu’on y pense : sans système de mesure, le commerce — et plus largement la société de consommation — devient compliqué à souhait.
Mais surtout, le mètre est aussi pour chacune et chacun d’entre nous une invitation à évaluer et mesurer. L’objectif n’est pas tant de ranger nos vies dans des cases de feuilles de calcul, mais de chercher à séparer le bon grain de l’ivraie.
Au delà de l’optimisation financière, mesurer permet de se mettre sur le chemin de ce que Pierre Rabhi appelle la sobriété heureuse. Il ne s’agit pas tant de retourner à la terre que de se dépouiller du superflu et de se concentrer sur l’essentiel.
Mesurer constitue le premier pas sur le chemin du bonheur.
À demain, 21 heures.