Au début du 17ème siècle alors que les explorateurs portugais, anglais et néerlandais se lançaient à la découverte du monde, une question faisait l’actualité : la haute mer est-elle libre ? La haute mer se situe au delà de la bande côtière, c’est la partie de la mer qui n’appartient à personne. Autrement dit, est-il possible de naviguer librement partout et sur toutes les mers ?
Les anglais défendaient l’idée que les routes maritimes appartiennent à ceux qui les découvrent et qu’il est possible de faire payer des droits de passage à ceux qui les empruntent. En cela ils proposaient d’appliquer à la mer le bon vieux principe de l’octroi.
Avec le livre De mare liberum (De la liberté des mers, 1609), le juriste Grotius démontrait tout l’intérêt du contraire. C’est ce principe qui a prévalu et qui, d’ailleurs, prévaut encore aujourd’hui. L’histoire a retenu que c’est ce qui a permis le développement des échanges commerciaux internationaux.
Au delà d’une discussion sur le rapport entre liberté et commerce, l’intérêt de la réflexion de Grotius est de proposer un droit nouveau et spécifique à un domaine d’activité lui-même nouveau et spécifique, favorisant ainsi l’émergence de ce qu’on appellerait aujourd’hui un écosystème.
Aujourd’hui il ne s’agit plus de transporter des marchandises sur les mers mais de diffuser des contenus sur les réseaux. Depuis des années les professionnels de l’industrie culturelle et des médias tentent de transposer les règles de l’ancienne économie à la nouvelle. Or, sur les réseaux, à l’heure où copier un fichier est simple comme un clic, il ne s’agir plus de contrôler la diffusion de biens ou de contenus, mais, au contraire, d’organiser leur abondance.
C’est ce qu’on compris les géants du web et c’est précisément ce qui fait leur force. Google — par exemple — en indexant le maximum de contenus, ne fait que renforcer l’intérêt de son moteur de recherche.
Les géants du web ne sont pas là pour contrôler ce que nous faisons mais pour nous permettre d’en faire toujours plus.
À demain, 21 heures