L’équilibre fait partie de ces notions qui peuvent être totalement théoriques ou complètement pratique. En psychologie (voire même en psychiatrie) on recherche l’équilibre du caractère. En art on recherche l’équilibre. L’équilibre des couleurs, par exemple, contribue à l’esthétique d’une œuvre. Les cavaliers eux aussi cherchent à mettre leur monture en équilibre.
Pour le dire en termes mathématiques, l’équilibre peut être vu comme la dérivée de la stabilité dans le temps. Il est possible de trouver ponctuellement une situation de stabilité. Il est plus compliqué d’étendre cette situation à un continuum temporel. Car il faut le noter, l’équilibre est une notion qui implique de s’inscrire dans le temps.
Certaines situations n’ont d’équilibre que l’apparence. La marche à pieds, par exemple, n’est pas un équilibre mais une série de déséquilibres qui s’enchainent. Cela peut paraitre étonnant, mais on tombe en marche, littéralement. À cette image, trouver une situation d’équilibre consiste à s’inscrire dans une dynamique. Assez paradoxalement, l’équilibre est un mouvement perpétuel. On peut reprendre ici un joli ver de Paul Verlaine (in Mon rêve familier), l’équilibre n’est à chaque fois ni tout à fait [le] même, ni tout à fait [un] autre.
Et si les équilibres sont fragiles c’est que, précisément, il faut savoir doser le mouvement. D’ailleurs, la recherche de l’équilibre général est un problème récurrent en science économique. Et c’est pour avoir travaillé sur cette question que Gérard Debreu a obtenu un prix Nobel d’économie. Avec K. Arrow, il propose en 1954 un modèle qui fait référence bien qu’il ne soit pas exempt de critiques.
Près de soixante-dix ans après la proposition de Debreu, il est tentant de faire un parallèle entre l’équilibre général et le développement durable ; car, après tout, entre ces deux notions il n’y a qu’un pas. Trouver un équilibre permet de s’inscrire dans le temps et donc certainement de faire durer les choses.
Vu sous cet angle, le développement durable peut être considéré comme une démarche économique et pas seulement environnementale. On peut même aller plus loin et se dire qu’il est possible pour chacune et chacun d’entre nous de s’inscrire dans une démarche durable qui ne se limite pas à des gestes environnementaux, mais qui s’incarne dans des gestes du quotidien.
Or, plus largement, pour chacune et chacun d’entre nous, bien souvent, sous la notion d’équilibre se cache en réalité une recherche de sérénité. Il ne s’agit pas d’être bien dans sa peau ponctuellement, mais de trouver un état d’équilibre qui, seul, permet de s’inscrire dans la durée et donc de construire pour l’avenir.
La sérénité, voilà précisément ce que cherchent les protagonistes de En équilibre, un film à regarder en confinement, pour se mettre sur le chemin de la recherche de l’équilibre.
À demain, 21 heures