Les frontières sont des points de rencontre tout autant que des lignes de séparation. Les frontières permettent la rencontre entre la géographie et le droit, et elles manifestent la séparation entre les territoires et les peuples. Les frontières sont le prétexte à des échanges commerciaux tout autant qu’à des conflits d’intérêts. Les frontières témoignent de l’histoire des peuples. Encore aujourd’hui certaines frontières sont des plaies à peine cicatrisées, comme c’est le cas en Irlande.
Au cours du second XXeme siècle (pour reprendre l’expression du pr. J. Mathiex) rien n’illustrait mieux cette réalité que Checkpoint Charlie, situé sur le mur de Berlin, qui a longtemps incarné la notion même de frontière. En 1986, Bernard Lavilliers a consacré une très belle chanson à la frontière, qui illustre bien les enjeux quotidiens des frontières pour de nombreux peuples.
Souvent minces, les frontières sont pourtant réelles et assez omniprésentes. Classer et organiser consiste bien souvent à établir des frontières. En médecine, en biologie, en astronomie, en chime et dans bien d’autres domaines, les scientifiques classent et ordonnent pour chercher à comprendre, quitte parfois à créer de nouvelles catégories ou à faire passer telle ou telle réalité d’une catégorie à une autre. En faisant avancer la connaissance repousse les frontières du savoir.
Dans l’industrie également, les frontières sont nombreuses. On les retrouve notamment dans les démarches de normalisation mais aussi dans la Nomenclature d’activités françaises (le fameux code Naf des entreprises) qui structure une partie de la vie économique de notre pays.
Mais la frontière la plus intéressante est certainement celle qui permet à la démocratie de s’exprimer. Une majorité issue d’un vote permet d’affirmer que ce qui rassemble est plus fort que ce qui sépare. Parce qu’elle n’est pas la loi du plus fort mais celle du plus grand nombre, la démocratie peut être considérée comme une recherche de consensus et donc d’adhésion. La démocratie est une frontière de la civilisation.
Au quotidien, nous vivons tous sur des frontières, qui sont autant de cordes raides. Chacune et chacun de nous vit en réalité en équilibre. Voilà de quoi méditer quand le couvre feu matérialise la frontière entre vie publique et vie privée.
À demain, 21 heures