La durée est certainement ce qui frappe le plus quand on s’intéresse à l’architecture. Construire, en effet, c’est bien sûr s’inscrire dans l’espace mais c’est aussi et peut-être surtout s’inscrire dans le temps. C’est sans doute pour cela que l’architecture est un art aussi conceptuel. Il faut imaginer, envisager et prévoir. L’architecture permet de donner corps à une vision du monde qu’on peut proposer ici et maintenant mais qu’on peut également proposer aux générations futures.
Depuis 1996, la série Architectures analyse des constructions qui ont marqué le temps. Je suis toujours frappé et séduit par l’esthétique de cette série : des épisodes courts, un style minimaliste, un commentaire qui semble neutre (en apparence du moins), des plans chirurgicaux. Il y a dans la série Architectures une dimension d’intemporalité qui incarne tout à fait le rapport au temps qui est celui des constructions analysées.
Mais si l’architecture est un des beaux-arts, c’est certainement également le plus politique, au sens premier du terme : l’organisation de la cité et plus largement l’organisation d’un pays. On passe alors de l’architecture à l’urbanisme. Regarder un plan (d’un quartier, d’une ville, d’un pays) donne souvent une bonne vision de l’organisation politique sous-jacente. Prenons une carte de France. Regardons les réseaux de transport. Qu’ils soient ferroviaires ou routiers, ils font de Paris le centre du pays. Le jacobinisme qui prévaut depuis la Révolution (et qui, en réalité, remonte à Louis XIV) est en quelque sorte incarné dans les infrastructures de notre pays.
En passant des constructions à l’urbanisme, on passe de l’inerte et et de l’intemporel au social et l’historique. En réalité, étudier l’architecture, c’est étudier la vie.
À demain, 21 heures