Réfléchit-on avec son cerveau ou bien avec ses tripes ? Et peut-on réfléchir avec son cœur ? S’agit-il d’une activité exclusivement humaine ? Peut-on agir sans réfléchir ? Ou bien, au contraire, est-il possible de trop penser ? Réfléchir à la réflexion semble, avant-tout, poser des questions. Réfléchir, serait-ce uniquement un moyen de se faire des nœuds au cerveau ?
À première vue, le lien entre réflexion et logique s’impose d’évidence, de même que le lien entre réflexion et connaissance. Ainsi, améliorer sa capacité de réflexion va demander de développer ses connaissances et de travailler son sens de la logique. Dans une telle approche quantitative de la réflexion, il est évident que des systèmes automatisés (tels que l’intelligence artificielle) finiront par supplanter l’être humain, tout comme l’ordinateur a déjà mécanisé des activités telles que la comptabilité ou les statistiques.
Au contraire, la réflexion ne serait-elle pas plutôt une affaire d’intuition ? Et si oui, comment discerner les bonnes et les mauvaises intuitions ? C’est en cherchant dans cette direction que René Descartes finit par faire du doute la pierre angulaire d’une philosophie résumée dans sa fameuse méthode (publiée en 1637) et qui a fait la hantise de générations de bacheliers.
En renvoyant doute et certitude dos à dos, Henri Poincaré résume bien les choses. Réfléchir consiste avant tout à peser le pour et le contre afin de tenir compte des paramètres en présence.
Mais surtout, réfléchir consiste à se poser les bonnes questions. Cela ne relève ni totalement du domaine de la connaissance ni totalement de celui de l’intuition. Cela ne demande pas nécessairement des connaissances encyclopédiques ou une capacité logique hors du commun. Poser une bonne question est une affaire de pertinence.
Une bonne question se doit d’arriver au moment opportun. Une bonne question permet d’envisager des possibles qu’on peut concrétiser ici et maintenant. Ainsi on ne réfléchit pas en vain. On ne raisonne pas comme un tambour, on peut se mettre en marche et avancer.
L’intelligence consiste à poser la bonne question au bon moment.
À demain, 21 heures