Avec les beaux jours arrive le grand nettoyage de printemps ! Ce véritable rituel est tombé en désuétude mais il donnait à nos grands-mères l’occasion d’ouvrir les armoires, de retourner les matelas et de nettoyer les rideaux…
Les rideaux nous semblent naturels. Il y en a partout aux fenêtres et c’est même parfois un des premiers ameublements qu’on installe pour se sentir véritablement chez soi. Or, en réalité, les rideaux sont avant tout culturels. Il suffit de voyager pour s’apercevoir qu’il existe des pays à rideaux et des pays sans rideaux.
À première vue il est tentant de se dire qu’on trouve les pays sans rideaux au nord et les pays avec rideaux au sud. On aura pas tord mais une approche plus subtile est également possible. Bien souvent les pays sans sont de culture protestante et les pays avec sont de culture catholique.
Au delà de la quantité de lumière, les rideaux en disent long sur le rapport des peuples à la pudeur. Il suffit d’aller faire un sauna dans un pays sans rideaux pour s’en rendre compte en pratique.
Du temps où certains soldats français faisaient leur service militaire dans une Allemagne alors occupée, ils découvraient avec surprise que les douches des casernes allemandes ne comportaient pas de cabines… normalité pour les uns, horreur pour les autres.
Et, de l’intimité à la vie privée il n’y a qu’un pas. Cette différence se retrouve également dans le rapport des populations à leurs données personnelles. Pas étonnant que le pays de la Loi informatique et libertés, soit, justement, un pays à rideaux.
Mais surtout, les rideaux nous rappellent que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Quand le rideau se fait moucharabieh, on peut voir sans être vu et distinguer un espace sans forcément le séparer d’un autre. D’ailleurs, le moucharabieh est un des personnages centraux d’Impasse des deux palais des un très beau roman de Naguib Mahfouz qu’on pourra (re)lire avec plaisir.
En réalité, les rideaux questionnent notre rapport à l’intimité et donc notre rapport au monde.
À demain, 21 heures