Tout, ou presque, a été dit sur monsieur Hulot et son génial créateur (Jacques Tati) qui cherchait à personnifier une certaine idée non pas de la France, mais des français. Ce personnage lunaire et fantasque court d’un film à l’autre, pointant du doigt les archétypes d’une nation.
Pour s’en faire une idée, on pourra (re)voir avec bonheur Les vacances de monsieur Hulot (1953). C’est un film enraciné dans la culture populaire française qui est formellement très travaillé et d’une grande dimension artistique. Les mouvements de caméra, les angles de prise de vue, la photo en noir & blanc, les innombrables bruitages… tout l’art cinématographique de Tati saute aux yeux. On comprend vite pourquoi ce film a reçu autant de prix.
Il est de bon ton de dire que ce film n’a pas pris une ride… Or cette affirmation revient à ignorer le monde qui nous entoure ! Du point de vue artistique, certes, les films de Tati sont des grands classiques et ils ont marqué l’histoire du cinéma. Du point de vie sociologique, en revanche, ces films, qui ont été tournés entre 1949 et 1974 sont totalement dépassés. La société française de 2021 n’a plus l’homogénéité culturelle qui prévalait encore durant les Trente glorieuses.
La France d’aujourd’hui est totalement perdue face à l’image de la France d’hier car un grand nombre de références culturelles autrefois évidentes nous échappent. Les vacances de monsieur Hulot appartient au patrimoine du cinéma français et mondial… mais, plus de soixante-cinq ans après sa sortie, du point de vue sociologique, il est ridé et poussiéreux. Il doit rester ce qu’il est devenu : un témoignage humoristique et caustique sur une époque révolue.
Mais surtout, on pourrait se demander si monsieur Hulot existe encore aujourd’hui. Si oui, à qui pourrait-il ressembler ? Quel serait son sexe ? Son genre ? Sa culture et son éducation ? Est-il franchement vegan ou un peu flexitarien ? Bref, existe-t-il encore un français moyen dont on peut se moquer gentiment sans s’attirer les foudres des pro-ceci et des anti-cela ?
Venu du passé, monsieur Hulot nous met face à notre présent et nous interroge sur notre avenir.
À demain, 21heures.